Marie-Christine Combourieu – 1985
Les exemples considérés
comme proprement télépathiques par nos analystes ne sont pas très nombreux -
excepté dans l’entretien (D) .
Toutefois 10 analystes (si l'on inclut F4) sur 20 rapportent des faits
d'ordre télépathique :
_(A3,4) pose : "j'ai cette attitude
qui consiste à noter de temps en temps des coïncidences ou des faits qui me
paraissent vraiment être plus que des coïncidences, que je ne peux pas vraiment
expliquer totalement. Où la méthode n'épuise pas"... (toutes les explications).
Elle donne deux exemples de rêves télépathiques
. a/ Celui d'une patiente en analyse classique (5 fois par semaine) qui rêve,
une nuit, un épisode qui s'était effectivement produit la vaille dans son cabinet
: Un de ses patients, de structure fragile, était venu lui demander un certificat
pour éviter le service militaire (A3,4-7) : "On sonne à votre porte.. Un
jeune homme habillé en militaire arrive chez vous, dit : "Il n'y a que
vous qui pouvez me sauver". A ce moment là vous téléphonez à un patron
et vous lui dites : “C'est un simulateur!" (C'est-à-dire le contraire de
ce que j'avais dit)" (A3,6-7).
Aucun contact n'avait eu lieu, bien sûr,
entre cette patiente et cet autre patient, ni aucune séance le jour même de
la consultation pour le certificat : "je dois dire que j'en suis restée
vraiment... très saisie!
Il n'y avait vraiment
rien dans le matériel de la patiente qui pouvait se rattacher ni à un militaire
ni à …? Elle n'avait pas de frère. Historiquement rien ne pouvait justifier
que ce matériel arrive à ce moment-là (A3, 7).
“Je ne suis pas arrivée, avec cette patiente…
Alors qu’avec d’autres, ils étaient arrivés à me parler de quelque chose, par
exemple, qui était l'objet de ma préoccupation du moment. Il y avait toujours
quelque chose dans (leur) matériel qui pouvait l’expliquer. Bon, là, je n'y
suis pas arrivée, dit-elle.
b/ Le second rêve télépathique que nous
rapporte cette analyste concerne un patient - non psychotique - qui "rêve
une nuit qu'il est, dans son rêve, peintre en lettres sur pierres tombales .
Alors il me dit :
"C'est un drôle de rêve que j'ai
fait là, car vraiment je ne crois pas que ce métier existe...Je ne sais même
pas si ce métier existe!" Notre analyste fournit une explication peu banale
: "Or moi, ce qui m'a frappée,
c'est qu'il se trouve à propos de mon nom, une légende familiale . ( . . . ).
C'est un nom d'origine étrangère qui pour un français ne veut rien dire. Mais
la légende familiale veut que l’origine de ce nom soit une transformation de
l'allemand qui aurait voulu dire "peintre en lettres d’or sur pierres tombale”
(A3, 9)… “Or, je n’ai raconté cela à personne”…
Elle avait raconté un deuxième rêve qui
pour moi est resté du domaine de l’inexpliqué… Voilà deux exemples qui m'ont
beaucoup frappée (A3,9). Or, le premier, "ça doit dater de … 28 ans ? (.
. .) "Le deuxième fait est beaucoup plus récent. Il date d’il y a seulement
3...5 ans" (A3, 8) .
Cette analyste dit avoir rencontré, en
fait, "Une dizaine de cas que j'aurai pu recenser au cours de ma pratique
analytique qui me paraissaient . . Enfin,
être assez peu explicable par un sirnple processus associatif qui aurait
été commun aux malades et à moi" . (A3,4)
Selon elle, l'hypothèse de la télépathie
n'est pas exclue : "Je laisse justement ces phénomènes là en suspens mais
sans pour cela... enfin, rejeter l'idée qu'il puisse y avoir quelque chose qui
s'appellerait : "transmission de pensée"" (A2,4) .
Le premier rêve lui semble
vraiment télépathique : "Quelque chose rend le fait encore plus étonnant.
Et je dirai, qui pourrait expliquer (. . .) , si "transmission de pensée"
il y a... ou je ne sais... ou télépathie, ce qui est encore plus car, en fait,
je ne l'avais vue après que ce patient soit parti. C'est dans la nuit qui a
suivi, donc, qu'elle a fait ce rêve" (A3,7).
Elle sépare clairement
la télépathie de la "communication d'inconscient à inconscient", toutefois
: "Je vais essayer de dire ce que je pense qu'est la "transmission
d'inconscient à inconscient". Ce n'est pas, donc, de l'ordre de la télépathie.
Il n’y a pas, comme dans la cas de ma patiente. . . Qui est quelque chose d'assez
saisissant car il n'y a même pas quelque chose à quoi j'aie pensé : Par exemple,
si elle était venue à sa séance après que j'aie vu le patient, on aurait pu
dire que c'était dans ma tête. Mais elle n'a pas eu l'occasion de me rencontrer
pendant que c'était dans ma tête. C'est là où c'est vraiment le plus mystérieux"
(A3, 11) .
A la fin de l' entretien, elle rapporte
un autre exemple, celui d'un collègue dont un patient avait deviné le nom de
la personne lui ayant téléphoné pendant sa séance, alors que l'anatyste était
sorti de la pièce :
"Il est appelé au téléphone pour
je ne sais quelle raison... Il est obligé d'y aller. Il quitte son patient.
A son retour, celui-ci lui dit :"C'est M. X. ..qui vous a téléphoné".Un
M. X. . ..qu' il ne connaissait pas ! (...). Il était dans un endroit tout à
fait isolé (…) Il aurait fallu que ça traverse vraiment ! ! ! le collègue qui
le raconte reste, lui... très "bienveillant", je dirai, à l'égard
de cette chose! D’autres collègues à qui des histoires semblables sont arrivées
en racontent. Je vous dis, on en parle de temps en temps" (A3, 28) .
Il semble, en effet, que
dans les milieux psychanalytiques, les analystes parlent entre eux de phénomènes
de ce genre sans que la problématique qu'ils recoupent soit abordée vraiment
- de façon systémique : "Entre analystes, il arrive qu'on en parle, entre
collègues... Il arrive qu'on parle de phénomènes étranges. En général, disons que nous avons une attitude
à la fois amusée, intéressée et généralement sceptique... à l'endroit des phénomènes
qui nous arrivent et qui nous laissent perplexes. Mais c'est très rare que quelqu'un
ait - je dirais, une conclusion radicalement en faveur de la transmission de
pensée ou contre. Nous laissons cela suspens . (. . . ). Je ne crois pas qu'il
existe, en dehors d'un certain de nos collègues attaché à ce genre de phénomènes.
. . Je ne crois pas, effectivement,
qu'il y ait d'études faites là-dessus" (A3, 1) (le collègue auquel il est
fait allusion est Emilio Servadio ; (F1,10) le cite également ; voir p.176).
Pour qualifier le rêve télépathique de
sa première patiente, notre analyste accepte la notion de "corps étranger"
(A3,10) qu'elle reprendra plus tard à propos du "rêve-diagnostic"
de "la moustache qui pousse dans la gorge de sa fille (A3, 15 ; voir plus
haut p.130).
_(C,15-16) relate, elle aussi, un fait
télépathique. Il s'agit d'une personne soignée par la chimiothérapie, atteinte
d'un cancer. Dans la nuit qui précède son entrée à l'hôpital, elle voulut écrire
(dans son journal) . A 6 heures du matin, elle tombe agonisante sur le sol.
C'est à ce moment si qu' "une de
ses amies qui habite à 50 kms, qu'elle n'avait pas vue depuis longtemps... -
qui savait vaguement ce qu'il en était - a téléphoné à 6 heures du matin à sa
fille, est lui disant : "'Mon mari vient de me téléphoner (mais ça c'est
son langage . Parce qu'elle a l'habitude que son mari, comme ça, lui fasse des
"communications". Alors les gens comprennent... qu'il fallait aller
tout de suite chez ta mère! Tout de suite, tout de suite car c'est très grave!
Donc vas-y... (... ). La fille y est allée et elle a trouvé sa mère entre la
vie et la mort ! Elle est restée dix jours à l'hôpital".
Cette analyste racontait cela à un collègue
psychiatre qui lui dit :
"Ah! une coïncidence!" Sans
lui dire . "Eh! bien, c'est tout de même curieux. (C,16), ce qui la surprend.
Pour elle, ce collègue psychiatre est
sceptique a priori : "Alors, quand on se trouve devant des partis pris
comme ça... C'est très fréquent (. . .) . Vous n'avez même pas fini de dire
quelque chose que les gens ont déjà...
C'est aussi fréquent chez les psychanalystes
que chez les autres. Si ce n'est que certains psychanalystes sont un petit peu
plus "ouverts" (C, 16).
(Dans son exemple, cette psychanalyste
fait mention d'une femme "médium", l'amie qui habite a 50 kms et dit
recevoir des "communications de son mari". Son environnement est "habitué".
C'est pourquoi nous trouvons la remarque "Alors les gens comprennent”.
. C, 15) .
Notre analyste prend cet exemple au sérieux,
comme télépathique.
Pour sa part, elle ajoute : "Je serais
curieuse de connaître la personne qui reçoit ces "communications".
Enfin, c'est tout de même curieux ?.. Après tout, ça se défend" (C,16).
Auparavant, elle pensait que les soi-disant
"délires d'influence" répertoriés en psychiatrie, en psychanalyse
entraient dans une autre catégorie : "Ce que nous avons, en psychiatrie,
ce sont les "délires d'influence". Mais ces délires, du point de vue
psychanalytiques...
Il faut essayer de les faire rentrer dans
une autre catégorie, éventuellement. Moi, je vous dis : Je pense que, dans
le domaine psychanalytique, il y a peut-être des significations de ces "délires"
qui devraient être comprises autrement si on a noté... Je ne sais pas, moi...
Si on a noté quelque "communication des Inconscients" , dit-elle ,
(C, 7-8), à laquelle elle croit.
_(D,2-3), dès le début de sa carrière,
rencontre des rêves télépathiques chez ses patients, à propos de détails
intimes sur la vie privée du personnel soignant de l'hôpital où elle exerçait,
puis concernant une opération chirurgicale qu'elle avait elle-même subie : "Il
y a eu un certain nombre de phénomènes tout à fait nets -- que je qualifierai
maintenant de télépathiques - qui m'ont laissé à penser que ces personnes s'étaient
renseignées sur l'un ou l'autre des points concernant mon opération. C'était
tout à fait étonnant et d'une justesse et d'une précision telles! (... ). Alors,
vraiment, à ce moment là, je me suis posée beaucoup de questions" , (D,
3) .
C'est alors qu'elle entreprend, elle-même,
de transcrire ses rêves au réveil, (1973):"Et quand j'ai commencé à me
poser des questions, les rêves m'ont donné des réponses. Je n'ai pas pu éviter
de reconnaître, à l'aide de témoignages extérieurs, que je faisais des rêves
télépathiques"(D, 5) .
"J'avais des rêves qui étaient tout
à fait télépathiques. L'un par exemple annonçait une lettre tout à fait particulière.
Quelques jours après … (j'ai même gardé la lettre) "(D,6).
Ayant découvert cette faculté télépathique
chez elle, elle s'exerce pour mieux l'appréhender : "Je faisais, à ce moment
là, une espèce de travail inconscient avec des articles de journaux, des lettres...
tout ce qui me tombait sous la main, en somme (D, 6) .
Elle dit avoir rencontré des rêves télépathiques/précognitifs
:"en grande quantité, soit les miens, soit ceux de ma clientèle" (D,7).
Elle classe dans cette catégorie –télépathique-
les "actes manqués réussis” par exemple . "Des gens qui perdent leur
billet parce que le train va dérailler.. . Beaucoup de choses comme ça.( ...
). Quelquefois, l'utilisation d'objets symboliques (. . . ): (Vous) sortez tous
les cadeaux offerts par une personne que (vous) n'avez pas revue depuis longtemps.
(Vous) apprenez, ce jour là, que la personne, dans un jour joyeux, a pensé à
(vous) et a commencé à (vous) écrire ; ou qu'il lui est arrivé un accident"
(D, 10); (voir aussi p.77).
Les exemples de télépathie que donne cette
analyste sont multiples.
Ils concernent aussi bien
le quotidien : "Avec des taxis télépathes, il y a des résultats étonnants
! Et on en parle beaucoup en rigolant, d'ailleurs ! Parce qu'ils s'en servent
dans leur métier" (...). "Ca donne toutes sortes de moyens de se faciliter
l'existence ! (... ). De trouver les objets à point nommé quand on en a besoin,
dans les magasins qu'on ne connaissait pas jusque là... Enfin, toutes sortes
de choses. . . (D,11).
Pour elle, la faculté télépathique s'exerce
dans tous les domaines d'exploration, de découverte : "C'est extrêmement
amusant ! Quand je fais une "chasse aux taxis" ..( ... )(D,11).
Elle dit que la fonction télépathique
peut aussi s'exercer sous forme de "voyance directe". "Il y a
des gens qui font très bien ce qu'on appelle la "voyance directe"
: Autrement dit, carrément, ils voient un évènement de façon très réaliste.
L'imagerie mentale, nous le savons : C'est ce qu' on appelle dans les milieux
médiumniques : "Le cliché"
ou "le flash"( ... ) . Ca peut concerner le passé. Et ça peut concerner
aussi le présent, si tant est que nous soyons dans le présent, toutefois! Ca
concerne souvent le futur. Ca dépend de l'émotivité et des motivations"
(D,13).
Cette analyste, spécialisée dans les sujets
"psi" depuis onze ans, donc, n'a que quelques clients non-télépathes
: "A part deux ou trois ... L'une de ces personnes a fait deux fois un
rêve télépathique concernant, d'ailleurs, un paysage de vacances. Ce sont des
fonctions que l'on rencontre chez tout le monde ! On parle de sujet "psi"
simplement quand c'est beaucoup plus développé", (D, 17) , dit-elle.
A notre question lui demandant
de relater des faits précis d'ordre télépathique et/ou "paranormaux",
elle répondit - contrairement aux autres analystes,
sauf (F2,1) qui nous dit immédiatement que ,"bien sûr", (il
avait été sensibilisé , à titre personnel et dans le cadre de sa pratique à
des phénomènes de cette catégorie) : "Ecoutez, c'est difficile parce que
j'en ai tellement à ma disposition ! (D,18).
Elle choisit le parti de nous relater
des exemples personnels :
a/ "Le rêve de la vieille cousine"
(D, 19-20) : Il s'agit d'une cousine bretonne (cette analyste est bretonne et
insiste sur les traditions bretonnes), habituée des coups de sonnette à l'impromptu.
Dans un rêve, notre analyste fut "tout à coup (...) réveillée dans la nuit
- on était en hiver - par un
coup de sonnette extrêmement
vif. Je me suis levée, j'ai allumé.(. . . ). C'était si net que je suis tout
de même allée voir à la fenêtre (... ); il était quatre heures du matin). Il
n' y avait personne... Je me suis rendormie assez impressionnée ; avec vraiment
l'impression que ça correspondait à quelque chose (je pense que mon coup de
sonnette était purement onirique. C'était une "hallucinose de réveil"
; c'est-à-dire un rêve avec un caractère de réalisme extrême).
Là-dessus, j'ai fait ensuite un rêve.
( ... ). Et il y avait cette cousine,
dans le rêve, assise tout en noir sur le canapé.( ... ).Ou alors une femme à
laquelle j'associais nettement cette cousine (D,19). Alors (...) ensuite, j'ai
fait, la nuit d'après, un autre rêve assez impressionnant parce qu'il s’agissait
d'un cadavre d'une vieille femme (je voyais le cadavre à moitié décomposé).
Enfin, bref ! j'ai appris, deux jours après, que la cousine en question ( ...
), ils l'avaient trouvée morte.(...). Quand on a trouvé le corps, donc deux
jours après, il était dans un état de décomposition avancée, faisant penser
au cadavre de mon rêve" (D,20).
b/ "Le rêve de
la pièce d'or" : Il s'agit d'une Bretonne qui avait écrit à notre analyste
pour lui demander de vendre une pièce d' or dont elle voulait connaître la valeur;
elle lui avait demandé de s'en charger. Cette Bretonne avait tricoté un très
beau châle blanc : "Il était question, dans le rêve, du châle blanc et
d'une pièce d'or" (D,20). Notre anal yste avait, en effet, fait un rêve
"précognitif". "La lettre avait été écrite la veille de la nuit
où j'avais fait le rêve". La lettre avait été reçue, donc, le lendemain
"J'ai la lettre. (. . .); je l'ai montrée à ma famille") (D,21), (,..).C'était
tout de même un rêve télépathique parce que ça existait déjà dans son intention"
c/ "L'hallucination "télépathique/précognitive”
du naufrage dans la rade de Brest” : C' est une anecdote concernant la famille
de la Bretonne au châle blanc. Une jeune fille de cette famille, encore enfant,
alors qu'un de ses frères était sur un bateau : "s'est levée, complètement
somnambule ; elle a ouvert la trappe de la cave et, penchée au-dessus du rectangle
noir, elle a décrit à toute la famille le naufrage du bateau (dans lequel était
son frère aîné) dans la rade de Brest ! Et, le lendemain, ils ont su le drame
et la mort de son frère! ", (D, 21 ) .
Cette analyste déclare que l'on se sert
continuellement de cette faculté télépathique (ou"quand on vit avec des
gens comme ça", (D, 21) , et donne l'exemple de la Bretonne au châle blanc,
maintenant âgée "Maintenant, elle vit au sixième étage ( ... ). Alors,
elle dit : "Moi, c' est tout simple ! J'habite au sixième.. . Quand le
boucher est fermé, ça m'évite de descendre l'escalier". Alors, il faut
l'écouter! ". . (D,22), conclut-elle.
Elle ajoute : c'est la vraie télépathie,
ça. Au niveau de la réalité. Ce n'est pas un truc extravagant qu'on sort de
la cocotte (. . .) .
C'est très pratique, c'est magnifique!
", (D,22).
Déjà, elle-même, tout enfant, avait signalé
à sa famille un incendie qui, s'était déclaré dans le grenier de la maison alors
qu' elle était au fond du jardin . "Maintenant, je suis très sensible aux
incendies parce que ça a été un des cas où j'ai cassé les résistances, plus
jeune.( ... ). Le feu s'est déclaré dans le grenier et j e l'ai su. On m'a crue
: "La petite a dit qu'il y a le feu dans le grenier". Et j'étais au
fond du jardin" (D,24).
Une autre fois, elle avait pressenti que
le wagon du train qu' elle devait prendre était en train de brûler, (D,24) ...
Elle évoque les "rencontres
télépathiques" . "Pour faire des rencontres télépathiques, il faut
penser à l'avance à quelqu' un : On désire le rencontrer, par exemple, le lendemain
(ou on est attiré par un désir). C'est extraordinaire ! On peut faire des tests!
(. . . ). Ainsi, on stationnera devant (des) vitrines - qui ne vous intéressent
pas du tout - jusqu'au moment où quelqu'un vous posera la main sur l'épaule
:"Je vous demande pardon ?. . ."Tiens! c' est toi! Je pensais justement
à toi. Selon qui il est, il dira : "Ah! Quel hasard!" On a fait une
rencontre qu'on voulait aborder" , (D,26).
ll existe, selon elle, une "hérédité"
familiale pour la faculté "psi" ou télépathique. Ainsi, elle fait
allusion à sa propre petite fille, douée de ces facultés. Un jour qu'elle la
gardait – sa fille étant absente -,
alors que l'enfant geignait, lassée, elle
a décidé : "Je vais lui envoyer télépathiquement
sa mère". A ce moment là, je lui ai envoyé (sans trop la regarder, d'ailleurs)
l'image mentale de ma fille habillée comme elle l'était ce jour là, franchissant
la porte. Elle m'a immédiatement regardée en plein dans les yeux (. ..) : les
yeux fixes, comme ça - le bon sujet "psi"! Elle m'a dit: “Maman !”
Et elle a cessé de geindre" ,(D,30).
Cette même enfant, une autre fois, a retrouvé
une adresse que sa mère cherchait partout en vain et sans que cette dernière
le lui demande,(D, 31) .
Parlant des phénomènes
dits paranormaux, elle considère ces derniers comme tout à fait courants et
banals. Ainsi, l'ectoplasmie serait un phénomène des plus communs : tout le
monde en fait ou ferait, selon elle: "Certaines personnes se déclenchent
des phénomènes spontanés et se dédoublent. Tous les travaux répétitifs, la
déambulation... Une jeune femme faisait ainsi de l'ectoplasmie pendant qu'elle
faisait sa vaisselle, tellement elle s'ennuyait! Une autre, quand elle repassait
des torchons : Elle commençait à se sentir un peu vague ; elle avait l’impression
que quelqu’un était derrière elle et ressentait un froid. J'ai rencontré pas
mal d’ectoplasmie. A un niveau fruste.
Ca épouvante les gens parce qu'ils ne sont pas au courant du tout. Ils ont peur.
Quand un médium dégage de son corps un ectoplasme, sa température baisse d'environ dix degrés. D'ailleurs,
l'aiguille donne dans l'infrarouge. Cette baisse de température crée le courant
d'air. Souvent les gens décrivent qu'il y a quelqu'un derrière eux", (D,
36); (voir aussi F2, 10).
Elle critique les dires de R.Chauvin déclarant
qu'on rencontre beaucoup plus de sujets "psi" chez les débiles mentaux
: "C'est complètement idiot! ( ... ). Mais non. C'est tout simplement que
les débiles mentaux utilisent ça tout à fait innocemment sans aucune des barrières
qu'y mettra un être intelligent normal.
J'ai entendu aussi (. . .) : "La
télépathie, ça n'existe pas. D'abord, on ne voit ça que chez les schizophrènes!"
J'ai failli téléphoner pour...(protes ter), (D, 40).
Enfin, elle fait allusion aux phénomènes
de "matérialisations" :
(les hantises ; les pierres chaudes qui
apparaissent, etc....) et de "dématérialisation" - ou "disparition
d'objets"- , très rares (D,41) .
*A propos du phénomène de "matérialisation'',
nous pouvons évoquer ce que dit (H1, 8) au sujet de la “matérialisation du Mal"
par les guérisseurs philippins, lors de l'ouverture -à mains nues- qu'ils pratiquent
dans la région épigastrique de patients atteints d'un cancer, par exemple.
_(F1,6-7) évoque les phénomènes "classiques”,
pour lui, des rêves prémonitoires, disant que : "Même les gens les plus
rébarbatifs à la parapsychologie (ou à ces domaines là) ont une connaissance,
tout de même, de ce qu'il est convenu d'appeler ainsi. Tout au moins les analystes
. Après , ils en font ce
qu' ils veulent. Mais il y a là un problème
quand même, à se poser, à savoir :
celui d'une information
qui est donnée par avance et resurgit après, dans les faits. Les explications
... Ca, c'est autre chose" (F1,6-7).
Il fait référence également aux "histoires
banales que tout le monde vous racontera, du coup de téléphone sur lequel on
se précipite alors que l'autre voulait appeler et dit : "Tiens ! je voulais
justement t'appeler." Enfin, tout ce qu'on voit raconter par tout. C'est
du domaine le plus fréquent. On peut toujours parler de "coïncidence(s)".
Effectivement, pour certaines personnes, c'en sont.( ... ). Et puis pour d'autres,
ça ne fonctionne particulièrement que comme ça. A la limite, ils n'ont pas besoin
de téléphone ".
Il cite l'anecdote rapportée par Jung,
dite du "scarabée d'or" (D, 11).
Il s'agit d'une analysante - très intellectuelle
- qui ne voulait pas croire à la catégorie de phénomènes dits irrationnels,
qui rêve une nuit d'un scarabée d'une espéce très rare (que l'on trouve en
Egypte).
Or, le lendemain, au cours de sa séance
d'analyse avec Jung, celui-ci entend frapper au carreau de sa fenêtre. C'était
un scarabée - et précisément de l' espèce rare dont avait rêvé la patiente.
"De ces scarabées , on en a jamais vu (en principe) d'exemplaire en Europe
! (. . . ). Donc, il n'y avait pas même une chance sur des centaines de milliers
que cette "coïncidence" se produise ! Ce qu'on appelle - en résumé
- une "coïncidence signifiante"" (D, 11).
(F1, 20-21. . .) évoque aussi au sujet
de la télépathie le cas de l'enfant de moins de sept ans qui "vit ces phénomènes
de façon courante, sait les choses sans les apprendre. Spontanément, tout haut,
il va dire des choses tout naturellement et recevoir des paires de claques en
série. Il ne comprendra pas du tout pourquoi. On lui dit régulièrement qu'il
écoute aux portes !
"Tu n'as pas à savoir ça". Et
tout le monde croit qu'il a "écouté". Les adultes ne pensent pas que...
Bon. Il s'agit d'autre chose" (F1,20).
Pour lui, ce cas est classique avant l'
âge dit de raison (sept ans) chez l'enf ant et l'enfance, par ailleurs ,est
selon lui une époque de la vie privilégiée pour expérimenter la télépathie (ce
que contredit I,5).
_(F2,1,7) évoque aussi
cinq exemples de, ( en termes jungiens ), "coïncidences signifiantes /significatives"
ou encore "dotées de sens", (F2,1).
L'un d'eux concerne sa
relation à son fils (que nous pouvons peut-être mettre en miroir de celle plus
fréquemment mentionnée à la mère) ; un autre reprend l'exemple téléphonique,
assez courant, et souvent cité, (F2, 3-4,6-7) .
_(G,3-4), bien que physicien et plutôt rationaliste,
évoque quatre exemples surprenants : La précognition de la mort d'un parent
par des enfants éloignés de là, (G,3) ; celle de la mort accidentelle d'une
personne ; celle de la mort d'une personne gravement malade ; et enfin, l'exemple
le plus surprenant, entendu d'un patient : "C'est une coïncidence, comme
ça, dans le temps, d'une stupéfiante précision ! C'est quelqu'un qui avait connu
une fille, qu'il n'avait pas revue depuis quatre ou cinq ans, qui se dit : "Tiens,
je vais lui téléphoner". Il prend le téléphone. Il s'apprête à composer
le numéro : l'autre était au bout du fil, lui avait téléphoné! Il n'avait même
pas entendu sonner.!!! Disons que la coïncidence est vraiment... stupéfiante
!
( . . . ). Alors, qu'en dire? Seul cas.
Ca peut être une simple coïncidence. Le hasard autorise, quand même, des phénomènes
très rares" , (G,4).
Il calcule ensuite la probabilité du phénomène
: "Une fraction de seconde sur quatre ans, (...), ça fait une seconde sur
108 ! Alors, je l'aurais entendu deux ou trois fois, là, je commencerais
vraiment à m'étonner!" , (G, 4 ), dit-il.
_(H 1, 4-5) , aux Philippines, a pu participer
à une expérience télépathique : "C'est-à-dire qu'on m'a proposé, un jour,
avec une autre personne, un jeu de cartes. Une autre personne présente ne voyait
pas le jeu de cartes. On l'a présenté, carte à carte, à une troisième personne
ayant pour but de transmettre...Et, chose étonnante, il n'y a eu qu'une seule
erreur sur les 32 cartes ! A mon sens, cela dépassait au moins les lois du hasard
que eu l'occasion d'étudier lors de mes études médicales, (H1,4).
Il a eu l'occasion d'expérimenter la télépathie
dans d'autres circonstances. "D'autres phénomènes me faisaient penser qu'à
certains moments, il aurait été extrêmement difficile de faire la différence
entre ce que nous pensions et ce que nous disions . (. . . ). Il m'est arrivé,
à plusieurs occasions, de penser à des choses en étant absolument sûr - jusqu'à
preuve du contraire parce que je n'ai jamais déliré - que je n'avais pas dit
ces choses. Et celles -ci ressortaient, immédiatement et instantanément après
que je les ai pensées (…) dans la bouche de ces fameux guérisseurs philippins",
(H1,5).
Selon lui, l'exercice de la télépathie
est un fait courant, commun aux Philippines et pas uniquement chez les guérisseurs.
_ (H2,11) a une expérience pour ainsi
dire quotidienne de la télépathie avec sa femme : "Je vis avec une personne
depuis sept ans. Il est très fréquent que lorsqu'elle pense à quelque chose,
je pense à la même chose quelques minutes après. Donc, on arrive à communiquer
ainsi... Il y a tout un tas d'événements dans ma vie, avec d'autres personnes,
dans ce cadre là".
Dans sa pratique de.
la
Bio-Energie, ces phénomènes sont fréquents. Notamment, il évoque le cas d'un
patient dont le père - comme par hasard - porte le même prénom que lui, présente
une ressemblance physique et de surcroît : "Ce qui, est plus troublant
dans cette histoire, c'est que son père est né exactement le même jour que moi
! , (H2, 12-13) .
Dans ses groupes de Bio-Energie, un pourcentage
supérieur à la moyenne, dit-il, présente le même signe astrologique que lui
. "Je suis Balance-Scorpion. Quand on voit qu' il y a douze signes et
que, dans tout groupe, il y a pratiquement six personnes qui sont soit ascendant
- et là je me base sur dix-quinze groupes... dans le temps -, soit signe Scorpion,
on peut faire un calcul statistique assez rapide. Ca me parait difficile de
mettre cela sur le compte des coïncidences ", (H2,13), dit-il.
Ce cas nous semble relever de ce que disait
(A2,4,7,8,9) du "narcissisme primaire" et de la libido narcissique
. Il précisait, en reprenant la parole d'Arthur Rimbaud : "Je est un autre",
(A2, 9).
[1]
_(l ,3, 5-6, 9 ) évoque, lui aussi, deux
exemples télépathiques : L'un à titre
personnel (I,5-6) : "Il se trouve que j'étais éloigné de ma famille et
j’ai eu une maladie au genou. Mon père, qui ne m'écrivait jamais, m'a écrit
pour me demander si tout allait bien. Si mon genou allait bien ! C'était. .
.Il avait rêvé que j'étais malade... C'était très frappant étant donné la distance,
les circonstances".
Il précise, concernant la personne de
son père : "De ce genre, mon père en avait assez fréquemment, quand quelqu'un
était mourant ou malade. Personnellement, ça m'est arrivé aussi d'avoir l"impression
que. . ? (I,6) .
1°/ En conclusion, nous dirons que notre
matériel offre, comme premier point, un clivage culturel qui perdure : les exemples
rapportés par (H1) aux Philippines en sont une preuve vécue en ce qui concerne
nos entretiens.
2°/ Il semble, pour la majorité des autres
cas relatés, que les phénomènes télépathiques soient liés à une situation affective
plus ou moins intense.
_(H2,11) n'hésite pas, par exemple, à leur donner comme source -
ou matrice - "la voie cardiaque, un voie du coeur" . "Ma pratique
du coeur n'est pas ma pratique de la tête et vice versa. Même si elles sont
liées. Donc, quand je parle télépathie, je pense télépathie, je pense à tête
et à amour. Je pense : Relation au monde intuitive, sensitive. Je ne veux même
pas mettre d'explications rationnelles derrière. Ca ne me paraît pas être logique",
dit-il.
Même dans l'exemple du
"rêve du militaire" rapporté par (A3,5-8), l'hypothèse d'une rivalité
affective est avancée entre ce patient et cette patiente par rapport à elle
: Elle pense que le fait que la patiente au rêve télépathique lui ait été recommandée
par le même "patron" que son patient joue un rôle : "Là évidemment,
on peut se poser des questions... Parce qu'à ce moment là, on se trouve dans
une situation où véritablement il y avait une rivalité des deux côtés, à la
fois vis-à-vis de ce patron et vis-à-vis de moi par rapport à ce patient qui
m'avait intéressée. Enfin, qui avait retenu mon attention …” , propose-t-elle
comme schéma explicatif plausible, (A3,7).
Nous nous demandons si cette dernière
n'intervient pas dans le même registre paradigmatique que celle de la jalousie
de M. P. pour Freud ? En effet, évoquant l'article de 1932, Rêve et occultisme, et l'anecdote de la
pièce d'or", elle ajoute en parlant de Freud (et d'elle-même) :
"Dans l'article de 1932, il en vient
à dire qu’il existe des phénomènes de télépathie. L’histoire de "la pièce
d'or" rapportée par D. Burlingham... Tout en n'étant pas visiblement, enthousiaste
pour (rire) aller dans ce sens là ! Enfin, je dirai que spontanément je ferais
volontiers comme lui, c'est-à-dire essayer d'épuiser toutes les autres explications
(sourire) ! ", (A3,20).
Toutefois, nous avons vu qu'elle retenait
ce rêve comme franchement télépathique, n'ayant pu - 28 ans après - encore l'expliquer,
ni par des "chaînes associatives" communes à cette patiente et à elle-même,
ni par son matériel.
3°/ Cependant, certains exemples, comme
celui de "la pièce d'or" rapporté, cette fois par (D,20), semblent
se distinguer des précédents, liés s CC une situation affective, dans la mesure
où la demanderesse de l'évaluation du prix de la pièce d'or n' est pas une familière
de notre analyste. Cela est clair dans son récit.
Certes, elle dit que “ce qui passe le
mieux, c'est quand même un sentiment. Si vous avez un sentiment à envoyer, l'autre personne va le capter.
(D, 31) ; ou encore "quelque
part, c’est le moteur. C'est ce qui échappe aux gens des sciences, en laboratoire.
Ils ratent leurs expériences parce qu' ils ne veulent pas tenir compte de l'essentiel
: De l'affectivité émotive. C'est terrible ! Les tests vont être ratés !",
(D,42) .
Toutefois, comme dans l'exemple de "la
pièce d'or" ci-dessus, elle évoque des circonstances ou des situations
de la vie quotidienne, objectives, dans lesquelles aucune relation affective
- au sens propre de ce terme - n'entre en jeu : Par exemple, lorsqu'elle procède
à une "chasse au taxi" …(ou autres.. ). Dans ce cas, (la fonction
"psi") intervient au titre de ce qu’elle appelle plutôt "un degré
supérieur d'adaptation", (D,26-27) : "Quand c'est bien vécu, d'ailleurs,
ça fonctionne beaucoup mieux dans la survie de l'individu. Je veux dire "survie",
même, presque à un niveau primitif ! Comme l’homme primitif a dû l'utiliser...
Alors, transposez cela au 20ème siècle. Ca donne toutes sortes de moyens de
se faciliter l'existence ! De ne pas dépenser d'énergie inutilement, de trouver
les objets à point nommé quand on en a besoin, dans les magasins qu'on ne connaissait
pas jusque là. Enfin, toutes sortes de choses" ...,(D, 11).
Plus loin, elle évoque le cas, donc, d'une
vieille bretonne qui “télépathe" avec son boucher pour que celui-ci lui
monte ses achats au 6ème étag . Elle conclut: "Mais c'est la vraie télépathie,
ça. Au niveau de la réalité. Ce n'est pas un truc extravagant qu'on sort de
la cocotte et puis. .. C'est très pratique, c'est magnifique ! Et c'est tellement
pratique! ! !(rires), (D,22).
Par conséquent, elle montre que cette
" fonction "psi" télépathique
intervient dans d'autres circonstances
qu’affectives.
Ou bien devons-nous alors
élargir l'acception du terme "affectif" ? Entendant par là le registre
des affects, au sens large : tout ce qui vient "affecter" le sujet
aussi bien d'une manière "pré-cognitive", "rétro-cognitive",
etc.. Contrairement à Freud, elle pense que, bien qu’archaïque, cette
fonction psi" télépathique n'a pas à être déclinée non plus en faveur du
langage : "(Freud) parle de la télépathie chez l'enfant, il pense qu'avant
le langage on la rencontre mais que ça doit disparaître après, sous prétexte
que l’on parle. Moi, je ne suis pas du tout d'accord. L'un n'empêche pas l’autre.
L'information télépathique peut suppléer à notre langage", dit-elle, (D,28).
Plus loin, elle ajoute : "C'est
évident. Les types d'informations d'un mot ne suffisent pas",(D,34).
En effet, le processus télépathique procède
comme s'il était un savoir de l'Inconscient qui dépasse largement celui du conscient
: "Le rêve - ou le flash - ou même une information assez vague, c'est déjà
suffisant, utilisable. On en sait beaucoup plus. On pourrait parler (dans la première topique)
de notre Inconscient. A condition de s'écouter ! De prendre tous les objets
- sans se poser de questions - qui nous tombent sous la main. A la fin de la
journée on s'aperçoit qu’effectivement, on en savait beaucoup plus. Ce n'est
pas la peine de savoir tout pour s'y attendre ; et il est certain que ça représente
de tels tours de force de notre intuition que, consciemment, nous ne pouvons
pas poursuivre l'information", dit-elle, (D,25-26).
Elle conclut : "Quand c'est bien
vécu (…) c'est un moyen d'information particulier (tout de même) de la personne.
C'est le plus merveilleux instrument ! (D,42)
4°/ (I, 13- 14) établit aussi une distinction
entre la transmission de pensée/information et la “transmission d'affects".
Toutefois, à ses yeux, il est difficile de désintriquer les deux : “transmission
de pensée" - ça a l'air d'être plus "transmission d'information",
sans se préoccuper des effets qui vont avec ; donc, de "transmission de
représentations" plus que d’affects. Mais en réalité c'est de la chirurgie
de pacotille ! Je ne pense pas qu'on puisse séparer ces choses", dit-il,
, (I, 13).
Il émet cependant l'hypothèse d'une distinction
entre l'information verbale gestuelle, télépathique : Il existe une gradation dans la présence/absence
du support matériel ."Il est clair
que la transmission d'information par la parole est certainement différente
de la transmission sans la parole, que ce soit au niveau corporel ou encore
mieux sans la parole et sans le corps, c'est-à-dire sans le corps au sens des
gestes. Donc, au sens de "transmission" proprement "télépathique",
dit-il (I,15).
Les travaux de recherches
dans ce domaine visent, selon lui, à désintriquer précisément, les affects des
représentations télépathiques. "Il est sûr que Y.Lignon (un mathématicien
parapsychologue de l'U.E.R. de la Faculté de Toulouse-Mirail) doit s'intéresser
surtout à des "transmissions d'informations", donc surtout à des "transmissions
de pensées” plus qu'à de la "télépathie" au sens où un "pathos"
passerait (parce que l'un est en colère et que l'autre le devient!", dit-il,(I,13).
_Déjà, (D,22) évoquait les travaux de
Rhine et les tentatives de mesure de la télépathie, en général : “C’est tout de même assez répandu, d'après les statistiques
de Rhine (ça doit concerner environ 1/3 de la population). Refoulé ou non. Les
textes de Rhine essaient de mettre en évidence les capacités en taux normaux".
Ce dernier procédait à des expériences à partir de cartes, c'est-à-dire de représentations
figuratives, non-affectives, par conséquent. (H1,4 s'est livré aux Philippines
à de telles expériences).
_(D, 32) fait allusion à ce type d'essais
. "C'est intéressant, par exemple de faire une expérience avec des dessins
que l'on envoie à plusieurs personnes. Le dessin va être re-dessiné, alors,
avec des déformations en fonction de chacune. Il peut arriver que trois personnes
fassent exactement le même dessin. Elles sont très, très réceptives !” constate-t-elle
alors.
_(I,19), comme(D, 28,34)
, pense que la fonction télépathique n'est
pas antinomique de la fonction verbale, linguistique :"Certaines personnes
se mettent dans des états particuliers, en transe par exemple, pour exercer
leurs facultés. A mon avis, ce n’est pas nécessaire. C’est lié à un manque d'intégration
de ces facultés, pour l’instant. Ce qui fait qu’on est obligé de revenir à un
stade antérieur, parcellaire de la conscience, pour pouvoir s’en servir. Mais
on devrait, avec une démarche de développement, arriver à les utiliser dans
les états les plus conscients. Sans avoir besoin de se mettre en transe"
dit-il, concevant même l’exercice de la fonction télépathique comme indépendante
d'"états de conscience “psi” altérée” (p. 223)
5°/ Il est possible d’envisager des travaux
de recherche scientifiques sur la télépathie, dans le cadre énoncé ci-dessus
où les affects sont secondaires par rapport aux représentations. Il existe,
certes, comme dans le cas du transfert/contre-transfert véhiculant du informations affectives, (I,
14), un “couple” formé de l’ "agent" et du "percipient"
(ou encore d'un "émetteur" et d'un "récepteur" ). Dans ce
cas, le circuit informatif est bipolaire, expérimentalement : "Dans ce
genre de phénomène, je pense que les deux doivent participer, non seulement
l’émetteur mais le récepteur ; car on suppose que la premier puisse vérifier
s'il a bien émis. Donc le récepteur doit émettre à son tour en indiquant qu'il
a bien reçu le message. De ce fait, les deux sont nécessaires, émetteur et récepteur
quand ça marche sur une certaine durée. (...)
Et quand l'émetteur est un être vivant, doué des mêmes capacités que le récepteur,
a priori ça marche dans les deux sens. On sait qu'il y a des gens plutôt “émetteurs”
et d'autres "récepteurs" toutefois", dit (I,17).
_(F1, 7, 9, 42-43, 44-45, 47-48) évoque
cette expérimentation en parapsychologie, les difficultés qu'elle présente :
“On rentre dans d'autres domaines, à savoir celui de la productivité de ces
expériences, de leur sûreté. Tout ce
qui vient s’y mettre et qui n'est pas - justement - de l'ordre de 100% !
Parce qu'il a a trop de paramètres. Ca
fait appel à des domaines constitués d'un maximum de paramètres ! Alors, ou
tous les paramètres sont réunis et ça fonctionne très bien, ou les paramètres
manquent et ça marche moins bien.
Selon l'état de celui qui reçoit, de celui
qui envoie... Enfin ça pose beaucoup de problèmes...",(F1,7-8).
Ou alors : "Tout se passe comme si
le phénomène vous débordait toujours un peu plus .On n'a que des points de repères
.Plus vous posez de points de repères et plus le champ s'étend ! Ca recule d'autant
les possibilités ... Vous vous trouvez toujours en terrain inconnu, finalement.
C'est une grosse difficulté. Pour "échantillonner" (comme on dit),
pour faire des protocoles d'expériences ou de travail, ça pose tout le problème
de la méthodologie",
(F1, 42).
Ou encore : "Les mathématiciens disent
. "Il n'y a qu'à trouver un langage mathématique qui va rendre compte de
tout cela". Je veux bien. Mais jusqu'à présent il n'existe pas . Il devra
l'être, structuré ! ...Pour rendre compte de tous ces impondérables qui passent
dans le rêve! (en effet, cet analyste compare le processus télépathique au rêve,
dans son entretien). En parapsychologie, encore plus : Il y a une foule d'impondérables
que l'on ne parvient même pas à formuler avec des mots. Vous allez encore me
dire que je crie haro sur les statistiques. Mais les statistiques, malheureusement,
n'y parviennent pas non plus " , dit-il (F1,44).
En résumé, si la science
tente d'appréhender les phénomènes dits parapsychologiques et/ou télépathiques
par le biais de la méthodologie, désintriquant ainsi les affects des représentations,
la question reste ouverte de savoir si ces phénomènes relèvent d'une approche
scientifique et dans ce cas-là, c'est un problème méthodologique qui se pose,
pensent (F1 et l )-, ou ils s'articulent entre les sciences exactes et la psychologie
(disons les sciences humaines, en général) , et à ce moment-là, peut-être n'appartiennent-ils
pas (ou encore ?) au paradigme scientifique : "Le second écueil, c'est
aussi d'être scientiste . C'est à dire de faire de la fausse science et d'essayer
de ramener des phénomènes précisément non mesurables, tout ce domaine qui échappe
aux sciences exactes et plus particulièrement celui auquel la psychanalyse
s'intéresse, lié à l'Inconscient, d' essayer de le ramener totalement aux sciences
exactes (. . .) . Et -je dirai, par glissement, il pourrait s'ensuivre de tenir
pour nuls et non avenus des phénomènes qui ne sont pas - pas encore, justement
- explicables ni par la méthode scientifique, au sens des sciences exactes,
ni par la méthode psychanalytique. Et aussi de laisser peut-être échapper quelque
chose qui, sans être "supra-naturel" ou "surnaturel", n'en
existerait pas moins", dit clairement (A3, 3) ; ( I, 7-8, pose le problème
dans les mêmes termes) .
6°/ Nous remarquons enfin, dans nos entretiens
, que la majorité des exemples allégués concernant la télépathie reprend "le
modèle téléphonique" de la définition de Freud, avec ou sans fil : (A3,
28 / B1, 3 / C, 16 / F1, 7 / F2, 6-7 / G, 4).
La réflexion la plus caractéristique à
ce propos nous semble être celle de (F1, 7) , qui schématise : "Les histoires
banales que tout le monde vous racontera, du coup de téléphone sur lequel on
se précipite alors que l' autre voulait appeler et dit : "Tiens ! Je voulais justement t'appeler"
. Enfin, tout ce qu'on voit raconter partout ... C'est du domaine le plus fréquent.
On peut toujours parler de "coïncidence (s)”. Effectivement, pour certaines
personnes , c'en sont. Ca leur arrive deux, trois ... dix fois dans leur vie.
Et puis pour d'autres , ça ne fonctionne particulièrement que comme ça. A la
limite, ils n'ont pas besoin de téléphone." (L'exemple donné par G, 4 nous
semble particulièrement remarquable).
7°/ Il semblerait, en effet, qu'une pratique
continue de cette fonction dite télépathique favorise son développement ; toutefois,
c'est une faculté que l’on rencontre pour ainsi dire chez tous les individus:
"Il y a tout un degré. .. Non pas de sensibilité car je crois que beaucoup
de gens ont cette forme de sensibilité. Seulement, ou on travaille avec ça.,
ou on le met dans un coin. Dans ce cas là, ça ne fonctionne pas en permanence.
Si on travaille avec au contraire, ça ne peut que fonctionner de mieux en mieux",
dit-il. Ainsi, selon lui : "Les expériences télépathiques, oui.. Ca peut
arriver quotidiennement... Ce n'est pas un problème" (F1, 13).
Dès lors, ce sont les
"hasard (s) ", les "coïncidence (s)”, les "rencontre (s)
", qui forment l'e jeu de l'exercice de cette faculté psychique, dite paranormale,
que les analystes ci-dessus considèrent, au contraire, comme banale : "Ce
sont des fonctions que l'on rencontre chez tout le monde ! On parle de sujet
"psi" seulement quand c'est beaucoup plus développé", précise
(D, 17) .
Il semble, donc, en dernier lieu, que
l'exercice de capacités télépathiques soit le fait d'une structure : "Car
les phénomènes parapsychologiques ... Oui, on en rencontre. Mais il y a des
gens qui n'en rencontreront jamais, soit parce qu'ils n'y font pas attention,
soit parce qu'ils n'ont pas - je ne veux pas employer le mot "don"
- de tendances. Ils ne sont pas structurés de cette façon là. Ils fonctionnent
autrement. Une personne hyper-rationnelle n'a pas l'occasion de rencontrer de
phénomènes. Bon ... Elle parlera de "coïncidences", du hasard... Elle
ira jusqu'à fabriquer une théorie du ha ard et puis voilà", dit (F1, 27).
Il cite le cas de E.Servadio, disciple
orthodoxe de Freud, maintenant âgé de plus de 80 ans, et versé dans l'étude
du paranormal et de la télépathie, qui n'a cependant jamais connu de "phénomène
synch ronistique". Peut-être existe-t-il, dans son cas, un clivage prenant
son origine dans l'appartenance à une Ecole et l'application d'une théorie ?
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