REPRESENTATION DU PARANORMAL ET DE LA TELEPATHIE DANS LE CHAMP PSYCHANALYTIQUE (suite)

Marie-Christine Combourieu – 1985

b/ L’hystérie de possession

Le public connaît les reformulations de Freud sur l’hystérie, assimilée à cette époque à des cas de possessions ou de « névrose démoniaque » (Une névrose démoniaque au 17e siècle, 1923) : (B2,23) et (E1,2).

C’est dans le but de soigner celle-ci par l’hypnose et la suggestion, donc, qu’il s’initia à cette pratique, comme nous l’avons vu. Freud écrivit aussi : Un cas de traitement efficace par hypnose, en 1892-1893.

Après sa collaboration avec Breuer (E2, 18) , déjà mentionnée, c’est en 1900 – l’année de la publication de L’Interprétation des rêves – qu’il entreprit l’analyse de Dola, de laquelle naquit la « talking cure », qui devait donner naissance à la psychanalyse proprement dite.


 

Convaincu que les névroses, et surtout l’hystérie, sont des affections psychiques sans lésions organiques causées par des chocs affectifs oubliés, il chercha une méthode capable de faire resurgir, par les libres associations, les traumatismes oubliés. Il employa donc, après l’hypnose et un traitement par questionnement, la technique analytique.

Nous illustrons cette partie consacrée à « l’hystérie dite de possession » par l’évocation de la figure centrale des théories occultistes – le Diable (B2, 5-6) – afin de montrer, encore une fois, à quel point la psychanalyse  s’articule sur ce que nous avons appelé plus haut «  une toile de fond occultiste » (p.45).

Freud expose des théories démonologiques dans l’Inquiétante étrangeté (1919), mais principalement, comme nous pouvons nous y attendre, dans son article : Une névrose démoniaque au 17e siècle, (in Freud S., Essais de psychanalyse appliquée, Paris, Gallimard, 1971).

Prenant comme support un vieux manuscrit de la librairies impériale de Vienne provenant d’un lieu de pèlerinage de Basse-Autriche, Mariazell, Freud étudie le cas d’un peintre qui s’était :

… « voué à Satan comme son propre fils, pour neuf ans»… 

Après la mort de son père, Freud analysa ce pacte comme le résultat d’un acte dépressif causé par la disparition du père en question. Il fait ainsi du Diable un substitut du père et de la possession un « retour du refoulé », expliquant qu’aux temps primitifs des religions,, Dieu et Diable étaient une personnalité unique (d’où l’ambivalence), scindée en deux figures opposées ultérieurement, seulement :

… « Il y a là un processus psychique qui nous est bien connu, la décomposition d’une représentation impliquant opposition et ambivalence en deux contraires violemment contrastés (…). Le père serait par conséquent le modèle primitif et individuel aussi bien de Dieu que du Diable »…(ibid, p227).

_(B2,4) évoque également le cas d’un patient juif tunisien qui, après deux ans de psychanalyse, voulait se faire exorciser ; (voir aussi B2, 5-6).

D. Bakan (in Freud et la tradition mystique juive, Paris, Payot, 1964), souligne le parrallélisme existant entre la situation de ce peintre et celle de Freud après la mort de son propre père, lorsque, en 1897, il se plongea dans la littérature démonologique et commença son auto-analyse. Il traversa une période de dépression accompagnée de soucis financiers.

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