2/ Le pouvoir diagnostique des rêves

REPRESENTATION DU PARANORMAL ET DE LA TELEPATHIE DANS LE CHAMP PSYCHANALYTIQUE (suite)

Marie-Christine Combourieu – 1985

 

_(A3,13-15) relate deux exemples de "rêve diagnostic" de la part de patients. L'un concernait la personne d'un malade atteint d'un cancer du poumon, qui ne le savait pas, mais rêvait "qu'une femme habillée de blanc portait dans ses mains une lyre et était incrustée, sous forme de verre friable, dans cette lyre". Il se trouve que l'explication de ce rêve a été tirée au clair par cette analyste après la mort du patient :"Si vous réfléchissez … Ce n'est qu'après coup que j'ai compris qu'il savait très bien, inconsciemment, ce qui s e passait en lui : Une lyre, ça a exactement la forme d'un poumon.

Le côté friable se comprend. Tout ça, après coup... Ca montre que l'Inconscient en sait très long" (A3,14-15).


 

Le deuxième rêve est celui d'une patiente rêvant.. ."que sa fille ouvre la bouche et qu'une moustache est à l'intérieur de sa gorge". Après avoir donné une première interprétation d'ordre psychanalytique (sexuelle) , il se trouve que "trois jours plus tard la malade qui souffrait d'un oeil est allée con­sulter un ophtalmologiste. Il lui a trouvé deux cils poussant dans l'oeil ! Elle a rapproché cela du rêve. La moustache à l'intérieur de la gorge de sa fille... . C'est dire que quelque chose en elle avait cette représentation du "corps étranger" poilu (A3,15).

Elle relate aussi un épisode qui lui est arrivé dans la rue. Saisie de peur - inconsciemment - par l'approche d'un homme derrière elle alors qu'elle regardait une vitrine, elle s'est "réfugiée" dans la boutique. Elle rentre pour raconter l’anecdote à son mari : "Eh! bien, quelque jours, sa photo était dans le journal.

C'était bien lui!" (cet homme était recherché par la police), (A3, 12-13).

Cette analyste fait référence à ce que Freud appelle le "pouvoir diagnos­tique de l'inconscient" - qui pour elle représente un cas particulier de "communication d'inconscient à inconscient" - non reconnu toutefois par tous les analystes. Elle appelle cette perception immédiate de l’Inconscient "le sens clinique" . "Ce qu'on appelle le "sens clinique", c'est bien que, quelqu'un entrant dans la pièce, très  souvent, vous pouvez faire - je ne .dis pas seulement les analystes, mais n' importe quel médecin qui a du flair -" un diagnostic. » »

D'autres patients (schizophrènes ou simplement névrosés) rêvent que leur analyste est enceinte avant même qu'elle en soit sûre elle-même (A3, 13). Pour elle, dit-elle : "Je crois que là encore ça touche, justement, la relation mère-enfant et que quelque chose existe de tout à fait animal qui comprend avant que tes processus secondaires ne se soient mis en place", (A3, 14) et "les psychanalystes devraient bien admettre que l’Inconscient sait des choses que le Conscient ignore, sur des phénomènes ayant trait au corps de sa mère, à son propre corps, à la maladie… Enfin, sur des choses probablement très primitives, très animales » (A3,15-16).

Freud exprime ce point de vue dans le Complément métapsychologique à la doctrine des rêves (A3,14).

_(B2, 12-13) évoque également le cas d'un patient ayant rêvé la mort de son précédent analyste qui s'était suicidé à la suite d'une maladie grave (un cancer)   : "Bien évidemment, il n'en parlait pas à ses analysants. J'ai reçu, moi, un des patients qui était en analyse avec lui… Il avait interrompu et voulait reprendre. Je l'ai donc reçu, mais des mois après, plus tard. Il ne savait, bien sûr, rien de ta mort de son analyste. J'ai eu la surprise qu'il me raconte un rêve. Il le savait! Le rêve disait qu'il le savait... Il y avait dans le rêve un élément qui reprenait le signifiant du nom de l'analyste!        ( ... ). Et il dansait avec cet animal ou ce personnage et il lui disait : "Mais il ne faut pas mourir ! Mais il ne faut pas mourir !" », (B2,13-14).

Cette analyste illustre parfaitement ce qui a été dit plus haut concernant les "rêves-diagnostics" sur le corps d'une personne prise comme objet de la libido.

Pour Freud, les rêves annonciateurs de maladie existent mais ne sont pas surnaturels ni occultes. L'explication est simple : certains stimulis organiques internes non-accessibles à la conscience vigile, le seraient pen­dant le sommeil. Ces informations se joignent au matériel onirique habituel du rêveur. C'est la théorie qu'il développe dans L'Interprétation des rêves (1900 , trad. franç.,ibid, p. 39 et suiv. ) et plus tard dans le Complément métapsychologique à la théorie du rêve (in Freud (S.), Métapsychologie, Paris, Gallimard, 1968, p. 127-146),expliquant que l'intérêt narcissique pour le corps(du rêveur ou d'une personne chère) est la cause de ce "pouvoir diagnostique" inconscient du rêve - qui n'est aucunement prémonitoire ni prophétique dans une acception occultiste :

… «  il rend alors possible la reconnaissance précoce des modifications corporelles qui pendant la veille seraient encore quelque  temps passées -inaperçues"...

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