a/ La religion et l'occultisme

 

REPRESENTATION DU PARANORMAL ET DE LA TELEPATHIE DANS LE CHAMP PSYCHANALYTIQUE (suite)

Marie-Christine Combourieu – 1985

 

Freud, dans les premières pages de Rêve et occultisme, soupçonne l'occultisme d'étayer les théories mystiques ou religieuses en déclin à cause de la civilisation avancée de nos cultures et sociétés :

…" Rappelons-nous maintenant que les traditions, les livres sacrés des peuples sont bourrés de récits miraculeux et que les religions s'appuient justement sur ces événements extraordinaires et prodigieux pour revendiquer la foi qui leur est due. Elles trouvent dans les-dits événements les preuves de l'action des puissances supra terrestres. Mais n'y aurait-il pas identité entre l'intérêt suscité par l'occultisme et l'intérêt porté aux choses religieuses ? Nous soupçonnons, en effet, que l'un des buts secrets de l'occultisme est de porter secours à la religion menacée par les progrès de la pensée scientifique. En découvrant ce but, nous sentons croître notre méfiance, notre répulsion à nous livrer à l'étude des prétendus phénomènes occultes. Cependant, il faut finalement surmonter notre répulsion"… (ibid, p47-48)


 

Nous n'envisagerons pas l'ensemble des théories freudiennes sur la religion. Cela nous conduirait trop loin et ce n'est pas ici notre propos. Freud évoque souvent le problème religieux et principalement dans L'Avenir d'une illusion (1927).

Rappelons – ce n'est pas sans intérêt – que si Freud associe par contiguïté (p.77) les visées secrètes de l'occultisme et de la mystique avec celles de la religion, c'est par "un ordre reçu des connexions inconscientes", ce que Jacques Lacan, lui, appellerait "un déplacement du signifiant" dans son propre psychisme.

Ce témoignage de Jung en 1910, après que Freud lui ait fait promettre de rester fidèle à la théorie sexuelle de la libido, nous semble particulièrement intéressant :

…" Sans bien les comprendre alors, j'avais observé chez Freud une irruption de facteurs religieux inconscients. De toute évidence, il voulait m'enrôler en vue d'une commune défense contre des contenus inconscients menaçants. "…(in Jung C.G, Ma vie, Souvenirs, rêves et pensées recueillis par Aniela Jaffé, 1962, Paris, Gallimard, 1966, p.178).

Citer le passage en entier, finalement, n'est pas superflu : il est au cœur du sujet. Voici ce qu'écrit Jung :

…"J'ai encore un vif souvenir de Freud me disant : "Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie sexuelle. C'est le plus essentiel ! Voyez-vous, nous devons en faire un dogme, un bastion inébranlable". Il me disait cela plein de passion et sur le ton d'un père disant : "Promets-moi une chose, mon cher fils : va tous les dimanches à l'église !" Quelque peu étonné, je lui demandai : "Un bastion contre quoi ?" Il me répondit : "Contre le flot de vase noire de …" Ici il hésita un moment pour ajouter : "… de l'occultisme"…". (ibid, p177)

Suite auquel incident Jung ajoute :

…"Ce choc frappa au coeur notre amitié. Je savais que je ne pourrais jamais faire mienne cette position (…)".

Il n'est pas étonnant, dès lors, que Jung et Freud  se soient séparés à cause des positions que Jung soutenait sur la libido, précisément, dans l'ouvrage déjà mentionné : Métamorphose et symboles de la libido, 1912, - au titre significatif.

Freud, lui, associe les comportements religieux à des conduites obsessionnelles magico-superstitieuses, dans La psychopathologie de la vie quotidienne, (1910), et dans Totem et tabou, (1913).

Ces comportements sont colorés d'une teinte de Fatum (fatalité) en raison de l'action en sourdine de la compulsion de répétition (def. in J. Laplanche et J.B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, 1976, PUF, p86-88) donnant un caractère occulte à des forces obscures semblant s'acharner contre le sujet (névrose d'échec, de destinée…).

La rupture entre Jung et Freud nous paraît entériner la divergence profonde de leurs positions théoriques face au problème religieux, pris dans son sens large.

On sait que Jung suivit la voie mystique et occultiste. Considérons, en effet, le titre d'œuvres postérieures à sa rupture avec Freud : L'énergétique de l'âme (1928), Le secret de la fleur d'or (1929), Psychologie et religion (1940), Psychologie et alchimie (1944)…

Au regard des "connexions inconscientes" conduisant à poser le problème religieux sur un arrière fond mystique et occultiste – comme un déplacement de signifiants – la relation Freud/Jung nous semble particulièrement intéressante, significative.

Concernant cette même problématique, nos entretiens fournissent un matériel plutôt hétéroclite et non univoque.

Il est possible de repérer plusieurs tendances :

1/ La tendance freudienne orthodoxe (incluant les Lacaniens)

Elle consiste à concevoir la psychanalyse comme incompatible avec la religion et, par voie de conséquences, avec l'existence de phénomènes dits paranormaux  et/ou télépathiques. Mais là encore, les positions ne sont pas codifiées univoquement (A3/A4/B2).

_(A1,16-18) exprime une position classique orthodoxe face à la problématique de la religion et du paranormal. Toutefois, notons que cet analyste utilise le terme "intuition" à plusieurs reprises (A1,6,7,14) dans un sens connoté positivement quant à son utilisation dans la pratique analytique ; par ailleurs, il rapproche toute saisie "intuitive" du "domaine de la mystique" (A1,18).

_(A2,9) dit "être fidèle aux positions de Freud sur la religion" ; il considère celle-ci comme un "gestion collective" des névroses individuelles.

Tout au long de l'entretien, il s'applique à démystifier l'existence éventuelle des phénomènes paranormaux  en reconnaissant toutefois que ceux-ci se présentent dans le champ d'étude(s) des ethnologues et des anthropologues (A2,6,18) et, par ce biais, intéressent les psychanalystes par définition car, dit-il, "étant donné la position impérialiste de l'analyste, tout ce qui se passe à sa portée l'intéresse : n'importe quoi … en vue d'un examen, d'une mise en forme." Il rapproche des phénomènes bizarres dans son propre vécu expérentiel (A1,1) de "L'inquiétante étrangeté" freudienne et affirme qu'une appréhension rationaliste de ces phénomènes est possible.

Toutefois, il ne pense pas que la télépathie puisse devenir un jour un sujet exclusif d'étude pour la psychanalyse, "pour le sujet lui-même" (A2,19).

_(A3,2,18,22) exprime également une position freudienne orthodoxe en évoquant les "deux écueils de la psychanalyse" (A3,2), dont le premier est de "tomber dans la mystique et de finir dans l'occultisme". Elle considère implicitement que la psychanalyse est incompatible avec la croyance religieuse (A3,18) tout en ayant été personnellement sensibilisée à des phénomènes qu'elle pense d'ordre télépathique (A3,3-4). Elle pense que les Jungiens versent dans la mystique, eux (A3,22). Elle envisage toutefois  - et a confiance – que la science puisse un jour découvrir les lois de ces phénomènes (A3,23).

_(A4,13) bien que freudienne orthodoxe d'appartenance, très rigoureuse dans l'appréhension des phénomènes inhabituels (A4,5,8), établit une "analogie et non un parallèle entre l'expérience analytique et l'expérience mystique". Elle distingue, toutefois, celles-ci nettement de la religiosité/religion, qu'elle assimile à la crédulité.

_(B1,10,11,12) dit clairement que "la psychanalyse est incompatible avec la religion" ; mais elle envisage le cas de Françoise Dolto comme un cas limite entre la psychanalyse et la mystique( B1,12), éprouvant à la fois une certaine considération et un grand étonnement en face de la pratique de celle-ci et déclarant : "On ne peut pas lui ficher la paix ! La laisser être une sainte même si c'en est une ! Qu'est-ce" que ça peut faire ?". Elle n'exclut pas l'existence de phénomènes télépathiques entre des enfants mutiques et leurs parents (B1,14-15).

_(B2,20,25) pense que l'intrusion de la mystique dans la psychanalyse est une "faille" (B2,20) et qu'avec la mystique/religion, on peut devenir plutôt "prêtre ou exorciste". La psychanalyse, quant à elle, doit servir à démystifier l'Inconscient (B2,25).

_(B3,24,31-32…) dissocie absolument les expériences d'ordre parapsychologique ou télépathique de l'expérience dite religieuse. Les premières relèveraient plutôt de la psychose (B3,6,12). La problématique du paranormal en général, pour lui, s'apparente à celle de "l'obscurantisme" et "d'une aptitude à croire" (B3,31) généralement partagée – au sens où Descartes disait que "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée" – et il dit par ailleurs que "la religion rend bête" (B3,25-26).

Auteur d'une thèse intitulée Croire (Privat,  ; toutefois), il dit avoir hésité pour son étude sur la croyance et les processus spécifiques à celle-ci, entre "les tables tournantes et les témoins de Jéhovah" (B3,32) ; il a finalement choisi ces derniers.

_(B4, 15-16) : Pour cette analyste, la croyance au paranormal  est une "résistance au savoir de la psychanalyse" ; toutefois elle dit : "Je suis convaincue que nous sommes nécessairement religieux" dans le sens où le mot religion (religere en latin) signifie "établir un lien" avec les autres et ne réfère pas du tout à l'Eglise.

Nous sommes, donc, en présence d'un éventail d'opinions, voire d'attitudes divergentes bien que s'appuyant sur une même théorie initiale de référence (la théorie freudienne de l'occultisme et de la religion).

Peut-être est-il sur le point de surgir une nouvelle re-définition du terme "mystique" dans le cadre de cette appartenance théorique freudo-lacanienne ? au sens

"d'empathie intuitive" : A1,6,7,8,9,10,13,14,15 /A4, 6,13.

"d'intuition empathique"

2/ Les positions "parapsychologiques"

_(D9,38…) : Nous avons présenté (p.11 ) cette psychanalyste comme théoricienne, en quelque sorte, des phénomènes psi ; par conséquent, au cours de l'entretien elle s'applique à distinguer cette fonction de l'Inconscient des formations imaginaires produites dans le registre du "paranormal", au sens habituel de ce terme (D,15). Pour elle, les perceptions extra-sensorielles relèvent de l'Inconscient, certes, mais ne présentent intrinsèquement aucun caractère pathologique ni d'a-normalité (D,17,22…). Le problème vient, selon elle, du fait que les "sujets psi" manquent de référence(s) dans la société (D,9) et qu'on les catégorise généralement en se servant pour repère(s) de "systèmes imaginaires, magico-religieux, qui sont loin de les définir… De définir leur expérience."

Par ailleurs, la fonction télépathique et extra-sensorielle en général "n'a rien à voir avec la mystique" (D,38) ; "l'extase n'est pas forcément mystique" (ibid). Les "sujets psi" versant dans la mystique sont, d'après elle, peut-être plus "fragiles" ; oui, mais il est facile de les "exploiter", aussi.

Elle intègre l'expérience extra-sensorielle dans le cadre télépathique jungien (D,33,35), sans toutefois en faire une référence unique. Elle est "freudo-lacanienne" de formation (D,1) et médecin psychiatre.

Elle pense, d'un point de vue neurophysiologique et neurobiologique, que l'on n'a pas – tout simplement – encore trouvé les récepteurs de l'information extra-sensorielle, mais que la science y parviendra certainement. Des travaux (U.S.A) sont en cours.

Pour cette psychanalyste, des phénomènes qualifiés habituellement de "spirites", tels que l'ectoplasmie (D,36) ou la "matérialisation" d'objets, (D,41) sont plus ou moins courants et ne doivent pas donner lieu à des interprétations faussées dans le sens "paranormal".

_(F1,27…) : pour cet analyste jungien mais de formation également freudienne (F1,4) et neuropsychiatre, les phénomènes dits paranormaux  d'ordre extra-sensoriel doivent être étudiés sous l'angle scientifique (F1,15,17,42,45), malgré les difficultés que cette méthodologie présente.

Toutefois, au regard de la problématique religieuse et occultiste, il dissocie fondamentalement les expériences dites parapsychologiques des expériences mystiques. Des techniques (reposant sur des expériences de visualisation, à partir des travaux de Warcollier et de H. Marcotte) existent, auxquelles on peut s'initier (F1,27…).

Ce psychanalyste, par ailleurs, est très soucieux de dissocier l'expérimentation scientifique éventuelle de la "pensée magique" (F1,50-51…).

_(I,3,6,27-28), lui aussi, dissocie les phénomènes dits paranormaux  d'ordre extra-sensoriel de la mystique (I,16). Aucun phénomène  relevant habituellement de l'occulte (spiritisme, fantômes …) n'est évoqué par cet analyste si ce n'est qu'il établit un parallèle entre "l'attention flottante" et "l'état (presque) médiumnique" (I,22) du psychothérapeute.

_(A3, 22 / G,1,9 /I, 16…) évoquent, d'autre part, les recherches des Soviétiques marxistes – donc, par définition, matérialistes – dans ce domaine de la télépathie comme preuve de l'existence d'un intérêt autre qu'occultiste ou religieux pour ces phénomènes dits paranormaux. (I, 12) évoque en particulier les expériences scientifiques soviétiques sur les mères lapines que l'on sacrifie, provoquant une réaction à l'EEG chez les bébés lapins et les recherches sur la nature des ondes autres qu'électromagnétiques (I,11) traversant même les cages de Faraday lorsqu'il s'agit de l'expérimentation sur la télépathie en parapsychologie.

3/ Les positions jungiennes

_(F2, 18, 34-38) pose le problème de la religion/mystique et de l'occultisme en termes de "primitivité" dans son rapport à l'archaïque chez un individu et l'analyste lui-même ; donc, par rapport à la partie de psyché indifférenciée résidant encore dans les couches les plus anciennes de l'Inconscient . Il se méfie de la "pensée magique" qui mystifierait les recherches scientifiques (F2,34-38).

_(F3,12-15) évoque la problématique de la religion/mystique et de l'occultisme en se référant à ce que l'on dit – dans le public – des théories jungiennes, qu'elle considère comme erroné, faux ; ce sont là, pour elles, des préjugés provoquant une réaction de colère de sa part et lui faisant dire de Jung : "Ce n'est même pas un "Jungien" (…). Il n'y a pas l'ombre d'une partie mystique (F3,13) et plus loin : "Ce n'est pas un spiritualiste ! (…). Vous voyez comme vous faites ! Vous me dites : "Ah ! c'est un spiritualiste ou c'est un matérialiste "! Mais non, justement!" (F3,14). (voir p.12 ).

Pour elle, la mystique est une recherche d'"absolu".

_(G3) raille les théories occultistes/spirites faisant croire à la survie de l’âme après la mort.

Phsyicien de formation et analyste, il n’envisage la problématique du paranormal et/ou de la télépathie  que sous l’angle de la recherche  scientifique à propos de laquelle – actuellement – il reste sceptique (G8-9) sans toutefois rejeter l’éventualité d’un brusque démarrage (G,5) ; mais pour l’instant nous en sommes, dit-il : « peut-être au niveau d’un Lucrèce ou d’un Démocrite » par rapport à l’atome. Il évoque, cependant, cet objet d’étude – la télépathie – comme du domaine de l’ « impondérable » (G,13).

4 / Les positions théistes ou croyantes

_(C,22) déclare qu’elle est théiste, bien qu’analyste ; cette position n’entre pas, bien sûr en ligne de compte dans sa pratique. La seule allusion qu’elle fait à la religion concerne un patient qui lui dit à la fin de son analyse : « Vous m’avez rendu le Dieu de mon enfance » (C,22). Toutefois, dit-elle : « Il faut laisser les gens libres » (C,23).

Pour elle aussi, peut-être, faudrait-il redéfinir le terme « mystique » lorsqu’elle fait allusion aux travaux actuels d’astrophysiciens tels qu’Hubert Reeves (C,18-19) et au concept d’anti-matière expliquant peut-être d’éventuels phénomènes paranormaux comme la « translation » (C,19) ? Elle pense que les recherches actuelles en physique « ouvrent des horizons ».

Cependant, elle a été sensibilisée personnellement à un questionnement – plutôt qu’à des expériences – au sujet du paranormal : elle évoque une expérience de « rêve éveillé » (C,11) et de « voyance » (C,20).

_(H2,8-10) lui, est croyant. Il se dit " chrétien" dans la tradition des religions monothéistes ; par conséquent, il « ne croit pas à la réincarnation ». Le paranormal et les expériences dites paranormales et/ou télépathiques sont de l' ordre du quotidien, dit-il, dans son existence : le fait d'"être" en vie" constitue pour lui le "premier phénomène paranormal" (H2,5).

Il dit : "Je pratique ce qu'on appelle l' Esotérisme me et les Sciences Herméneutiques, pour mon plaisir" (F,2,9) et donne à la fin de l'entretien (H2,41-43) ­les définitions précises, selon lui, des termes : occultisme, paranormal, magie, sorcellerie, hermétisme, ésotérisme (voir p. 14 ).

Toutefois, pour ce psychothérapeute reichien,  la religion/mystique se dissocie de l’appartenance à une Eglise quelconque (H2, 10) : l' attitude religieuse (prière) suffit à elle seule n' importe où  - et aussi dans une église.

Nous pensons que cet entretien est le seul dans lequel nous trouvions un support aux "connexions inconscientes" liant l' occultisme et la mystique à la religion, ce que nous voulions mettre en lumière dans ce chapitre.

5/ Les positions "mystiques" actuelles

_(E1,11-12) se présente comme un "entr'ailleurs" en faisant référence à l'"Ailleurs" de la physique quantique contemporaine après Einstein. Pour lui, les phénomènes dits paranormaux procèdent d'une éventuelle "télégraphie dans l' Ailleurs"         (E1, 12-14), explicable seulement si l' on ne prend plus la constante de la lumière comme vitesse de référence pour un message émis et reçu dans un même système.

D'autre part, le "mystique" existe "en substance" et non en "prédicat" (E1, 11)        et la "mystique" commence "là ou la représentation démissionne". L'exemple christique est évoqué avec sérieux comme expérience du "Réel". (Nous pensons à ce propos aux travaux de d'Espagnat (A la recherche du Réel,1981) mentionnés par (I,27) dans le champ de la physique contemporaine).

Pour cet analyste la signification de l'expérience mystique/ religieuse perd son sens de référence habituelle dans le cadre des religions instituées, mais semble se déplacer dans un autre champ, une nouvelle épistémologie (E1,5) échappant à "la science binaire, causaliste". Cette nouvelle expérience est régie par le principe de la simultanéité (E7,3,13) et non plus par le déterminisme au sens classique que nous donnons à ce concept.

L' Ailleurs - comme l' Autre – pour lui, sont le lieu de surgissement, dans la simultanéité, d'éventuels phénomènes dits parapsychologiques /télépathiques.

(E1, 7,10) .

En ce qui concerne la religion, il fait une critique des religions anthropomorphique (E1, 6) , notamment du Pape.

_(E2,22) dit : "Moi, je trouve que c'est bien, d'être un peu mystique! Moi, je le suis un peu. Mais pas religieuse du tout. je le suis, au sens où j' aime beaucoup me mouvoir dans les "déplacements des petits espaces intérieurs", avec mes patients notamment. "

Pour cette analyste, nous le voyons, le mot "religieux/se" est à distinguer du terme "mystique". Cette fois encore, sans doute, faudrait-il redéfinir le mot "mystique". En effet, elle oriente sa pratique analytique vers "le mort qu'on porte en soi" (E2,8-9) et les travaux sur le cryptotome (E2,28).

"Mystique" pour elle, nous semble signifier davantage "éprouver" (ce que le patient éprouve) , (E2,28-29) dans le registre des émotions.

Ces deux analystes paraissent attribuer une acception plutôt ontologique aux termes "mystique/religion/occulte."

6/ Les références aux autres cultures

_(A1, 18-19) dit pratiquer "le chamanisme psychanalytique"; il cite Claude Lévi-Strauss à ce propos et fait allusion aux pratiques magico-religieuses dans les autres cultures.

_(A2, 6, 18 )de même évoque les phénomènes paranormaux comme objets d'étude, sur le terrain, pour des anthropologues.

_(E2, 30-32) parle lui aussi du chamanisme et cite Mircéa Eliade. Il dit également connaître dans d'autres sociétés des individus gérant des affaires matérielles et pouvant, par ailleurs, "vivre des expériences transpersonnelles ou paranormales et mystiques" (E2,32) sans que ces dernières soient considérées comme relevant du domaine pathologique dans ces cultures.

_(H1,5,24) évoque la pratique des guérisseurs philippins dans le cadre d'une médecine non occidentale ; or, ces cures de guérissage soignent des malades ne relevant pas de la médecine traditionnelle ou ayant tenu en échec la chimiothérapie (H 1, 9) . La poliomyélite aussi est mentionnée.

Ce psychothérapeute dit ne pas pouvoir intégrer dans un schéma théorique et conceptuel ce type de pratique "paranormale" procédant par "ouverture " à mains nues dans le corps pour retirer de celui-ci une "matérialisation du Mal" (H1, 8-9) sous forme de "substances animales" (H1, 12,22).

La télépathie semble de même une pratique commune dans cette culture (H1,5-6) au même titre que la transmission/lecture des pensées .

Les mots "religion" ou "occulte" ne sont pas prononcés, ni celui de "mystique", mais nous trouvons les termes "initiatique" (H1, 20), "substance cosmique" et "intuition cosmique" (H1,23) . D'ailleurs, il est fait allusion à des "pouvoirs acquis" et "non transmis" (H1,20) chez les guérisseurs philippins.

Autrement dit, ce psychothérapeute relate des expériences dites paranormales auxquelles il s'est soumis lui-même (H 1, 4, 16 ... ) difficilement compréhensibles pour des Européens et/ou des Occidentaux (H1,23).

Au terme de cette analyse non-exhaustive - nous nous en excusons - dans nos entretiens de la problématique de l'occultisme en relation avec la mystique et la religion, nous dirons que les positions théoriques exprimées par les analystes ci-dessus ne reflètent pas toujours de façon stricte la doctrine en vigueur dans leur Ecole d' appartenance.

Des individualités plutôt, se dégagent des réponses données comme le dit (A.4, 16).

_(F4) est à classer à part : il s'agit du texte d'une émission radiophonique dans lequel le psychanalyste mentionne, effectivement, la philosophie du Yi-King (F4,6-7), l'astrologie, et des expériences dites paranormales concernant la personne de Jung (F4,7-8). Il fait référence également à l'intérêt bien connu de ce dernier pour l' alchimie (F4,8-9).

Notons toutefois que les termes "religion"/"mystique"/ "occultisme" ne sont pas prononcés, mais ceux de "produits culturels du passé", "formes concrètes et collectives" (F4,6), ce qui nous fait penser à ce que dit ailleurs (B3,2-3) à propos des "coutumes", du "mythe", du "réservoir" du "dépôt de savoir (s) " ou de "traditions qui nous tissent".

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