LA PROBLEMATIQUE FREUDIENNE DE L'OCCULTE

 

Chapitre 1 du Mémoire de Marie-Christine Combourieu – (1985)

REPRESENTATION DU PARANORMAL ET DE LA TELEPATHIE DANS LE CHAMP PSYCHANALYTIQUE (suite)

"Il ne semble plus possible de repousser l'étude de ce qu'on appelle  les phénomènes occultes, ces choses qui prétendument cautionnent l'existence même de forces  psychiques autres que celles que nous connaissons chez l'homme et chez l'animal, ou qui dévoilent chez l'un et chez l'autre des facultés auxquelles jusque-là on ne voulait pas croire. La pente vers ces recherches paraît irrésistible." (S. Freud in "Psychanalyse et télépathie", in W. Granoff et J.M. Rey, L'Occulte, objet de la pensée freudienne, Paris, P.U.F., mars 1983, "Rapport préliminaire", p.11)

"Il n'y a pas de doute qu'un travail sur les phénomènes occultes aura comme résultat de voir confirmée la factualité de nombre d'entre eux ; il est à supposer que beaucoup de temps passera avant que l'on ne parvienne à une théorie admissible de ces faits nouveaux." (S. Freud, ibid, p.17).


 

"D'après la plus vraisemblable de ces suppositions, il s'agirait dans l'occultisme d'un noyau réel de faits non encore retenus, autour desquels l'imposture, l'imagination ont étendu un voile difficile à déchirer. Mais comment approcher seulement ce noyau ? Par quel endroit aborder le problème ? Je pense que le rêve nous sera ici d'un grand secours, en nous incitant à tirer de tout ce fatras le thème de la télépathie." (Rêve et occultisme, p. 50).

"Le plaisir que m'a donné ta lettre n'a pas été le moindre, sauf en ce qui concerne la partie sur la magie, que je considère comme un replâtrage superflu tenté pour compenser tes doutes au sujet de la transmission de pensée. Je crois en la transmission de pensée et continue à douter de la magie." ( S. Freud, Lettre à W. Fliess, du 8 mai 1901, in Correspondance avec W. Fliess, Freud (S.) , La naissance de la psychanalyse, Paris, P.U.F., 1969)

Dans le premier chapitre qui sert d'appareil théorique à notre recherche, nous nous attachons à exposer "la problématique freudienne de l'occulte".

Nous ne pouvons éluder cette dernière ne raison des données que nous imposent nos entretiens.

En effet, pour la majorité d'entre eux, le point de départ des associations auxquelles le mot "paranormal" donne lieu est : voyance, astrologie, mystique, occultisme (obscurantisme), fantômes, OVNI, sectes ...

Même lorsqu'il s'agit de transposition culturelle, (A1 , 19, A2, 6, 18).

Nous suivrons pas à pas des extraits de la correspondance ou d'oeuvres de Freud, en nous référant pour la plupart à l'ouvrage déjà  mentionné : Freud et l'occultisme (l'approche freudienne du spiritisme, de la divination, de la magie et de la télépathie), Privat, 1976, par Christian Moreau.

Psychiatre non-analyste - mais de formation psychanalytique - celui- ci eut le mérite, le premier, de "de défricher et de déchiffrer", si l'on peut dire, voilà dix ans, l'immense correspondance de Freud et celle d'une grande partie de ses proches collaborateurs ou amis tels que Wilhelm Fliess, Sandor Ferenczi, Ernest Jones, Edward Hitschmann... dans une perspective d'essai historique et critique.

C'est à lui que nous emprunterons, aussi certains extraits de Rêve et télépathie, 1922, et de La Signification occulte des rêves, 1925, encore inédits en français.

La question de la télépathie "tourmenta" Freud de longues années, si l'on en croit ce qu'écrit Lou Andreas Salomé dans son Journal, au lendemain du Congrès de Munich de 1913 :

.."Le lendemain du Congrès de Munich (9 septembre 1913) avec Freud au Hofgarten. Longue conversation (confidentielle sur les curieux cas de transferts de pensée, qui le tourmentent beaucoup.

Il y a là un point duquel il espère qu'il ne lui sera pas nécessaire de s'occuper durant sa vie. J'espère le contraire"…

(in Andréas Salomé (L.), Correspondance avec Sigmund Freud et Journal d'une année 1912- 1913, Paris, Gallimard, 1970).

Disons dès à présent – cependant – que Freud n'a jamais eu le souci d'effectuer des recherches sur la transmission de pensée autrement que dans un but purement scientifique, afin d'étendre les connaissances psychanalytiques au "monde spirituel si difficilement saisissable" , comme il le dit dans son dernier article de 1932, où il résume l'ensemble de ses positions sur la question (Rêve et occultisme, p. 75).

De même, son unique préoccupation, à l'aube de ses recherches sur le "Psychisme" humain (W. Granoff et J.M. Rey, ibid, p. 156), fut-elle de le vider de ceux de ses contenus, qui prêtaient encore à équivoque avec la "pensée magique" allégué pour expliquer de soi-disant faits surnaturels.

Son dessein fut d'instituer la psychanalyse naissante comme une science à part entière et reconnue à l'instar des autres sciences exactes de son époque – et de la nôtre – telles que les Sciences naturelles, la Physiologie, la Médecine, la Biologie…

L'optique de Freud,à cet égard, fut  bien "…d'éliminer une bonne fois pour toutes les créations du désir humain de la réalité matérielle"… car, écrit-il clairement : "Les psychanalystes sont fondamentalement d'incorrigibles mécanicistes et matérialistes, même lorqu'ils n'ont pas l'intention de priver les processus émotionnels et intellectuels de quelque caractéristique encore inconnue"… (Psychanalyse et télépathie, in W. Granoff et J.M Rey, ibid, p.15)

Font écho à cette position (A1, 17) et (A2, 9) appartenant: à l'Institut de Psychanalyse (Freudiens orthodoxes) ; mais aussi (F2) et des non-freudiens.

Nous évoquerons, donc, en premier la problématique freudienne de l'occult(e)-isme.

Plan


Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

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dernière mise à jour le

12 Janvier 2006

(C) M.C. Combourieu