Méta-analyse de l'effet chèvre-mouton dans les études d'ESP en choix forcé (1947-1993)

translated in french (authorization under way) by Dr Bernard Auriol from
"Gathering in the Sheep and Goats:
A Meta-Analysis of
Forced-Choice Sheep-Goat ESP Studies, 1947-1993"

Tony R. Lawrence [1] (University of Edinburgh)

Research in Parapsychology 1993, Abstracts and Papers from the Thirty-Six Annual Convention of the Parapsychological Association, 1993, edited by Nancy L. Zingrone, Marilyn J. Schlitz, Carlos S. Alvarado, and Julie Milton, The Scarecrow Press Inc., Lanham, Md. & London, 1998, pp. 27-31

 

L’effet chèvre-mouton est un des effets les plus solides dans l’histoire de la parapsychologie. Un grand nombre d’études ont attesté le fait que dans les expériences ESP en choix forcé, les gens qui croient à l’ESP (moutons) ont en moyenne de meilleurs scores que ceux qui n’y croient pas (chèvres). On rapporte ici les résultats d’une méta-analyse sur la littérature (entre 1947 et 1993) relative à l’ESP en choix forcé.

 

Méthode

 

L’auteur a retrouvé 73 études dues à 37 investigateurs principaux.. Les méthodes d’évaluation du statut “mouton-chèvre” a très largement varié et les questionnaires suivants, couramment utilisés pour le mesurer sont inclus en annexe : Schmeidler's Criterion 1 (JASPR, 1943, 103- 110), Thalbourne's Australian Sheep - Goat Scale (Thalbourne & Haraldsson, Personality and Individual Differences,1980,180- 185), Van de Castle's Uncompleted Sentences Questionnaire (Van de Castle & White, JP, 1955, 171- 179), and  Bhadra's, Sheep - Goat Questionnaire (JP 1966,1- 17). D’autres moyens ont été indiqués dans la catégorie « autre ». Les études retenues, de quelque source qu’elles viennent, étaient celles qui s’intéressaient à la relation entre l’attitude des sujets à l’égard du paranormal et leur score ESP.


On s’est limité aux publications parues dans le cadre de la littérature parapsychologique, à savoir :  Journal of Parapsychology, Journal of the American Society for Psychical Research, Proceedings of the American Society for Psychical Research, Research Letter (Utrecht Laboratory), European Journal of  Parapsychology, the Presented Papers of the Parapsychological Association Conventions, and Research in Parapsychology.

Les deux dernières incluent, respectivement, les versions de présentation et les résumés d’exposés présentés aux congrès annuel de la Parapsychological Association. On a également pris en compte une étude parue dans l’ Indian Journal of Parapsychology et une autre d’une thèse pour un mastère non publiée.

 

Nous avons utilisé la méthode du « résultat moyen » de Robert Rosenthal (Meta- analytic Procedures for Social Research, Sage Publications, 1984) pour déterminer le résultat de l’étude. Seuls ceux qui étaient clairement catégorisés dans les études originales comme moutons ou chèvres furent inclus.

 

Trois procédures de base ont été employées pour déterminer la significativité d’une étude :

  1. si toutes les données étaient disponibles, les niveaux de significativité statistique furent recalculés.
  2. si le résultat statistique était donné (c’est à dire le r de Pearson mais pas d’information sur les essais, les succès, les probabilités, le résultat a été transformé en score z.
  3. si aucune donnée n’était disponible, c’est à dire pour les études dans lesquelles l’auteur décrivait simplement les résultats comme « non-significatifs » , on a assigné un score z de 0.

Une fois qu’un niveau unique de signification statistique a été déterminé, les dimensions de l’effet  ont été calculées.

 

On s’est posé cinq questions principales :

  1. Existe-t-il un effet chèvre-mouton global ?
  2. Si oui, quelle est la dimension de cet effet global ?
  3. Si oui, cet effet peut-il être rattaché à des facteurs méthodologiques, ce qui pourrait suggérer une explication non-paranormale ?
  4. Est-ce que l’effet chèvre-mouton varie de manière signifiante en fonction de variables modératrices potentielles (telles que « dispositif expérimental », dimension de l’échantillon, connaissance des résultats) ?
  5. Est-ce que l’effet chèvre-mouton dépend de l’outil employé  pour mesurer la croyance? Cette dernière question est particulièrement importante étan,t donné la diversité des instruments utilisés quant à la croyance à l’ESP.

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Résultats

 

Les 73 études examinées comportent  plus de 685.000 essais réalisés par plus de 4500 participants. Le nombre d’essais d’une étude va de 140 à 50.000 essais (moyenne = 10.540 ; médiane 5.750). Le nombre des sujets impliqués dans une étude va de 9 à 399, la plupart étant des étudiants.

Dix-huit études (24%) ont montré des effets mouton-chèvre significatifs au seuil de 5%. Les scores Z sont corrélés positivement et suggestivement avec la racine carrée du nombre d’essais (r[65] = 0.218, r2= 0.048, p[I t] = 0.081). Les analyses montrent que les effets ne résident pas seulement dans les études des auteurs principaux  individuels.

Les études ont été évaluées quant à leur qualité à raison d’un point pour chacun des items suivant :

  1. pré-spécification de la dimension de l’échantillon
  2. pré-planification des mesures de l’analyse
  3. randomisation adéquate du matériel cible
  4. contrôles de type aléatoire
  5. enregistrement automatique ou en double de la séquence des cibles et des réponses des sujets
  6. vérification de la congruence entre réponse  déclarée et cible
  7. contrôles par rapport aux « fuites sensorielles »

 

L’éventail des points gagnés allait de 1 à 6 (moyenne = 3,164 ; écart type=1,247). On a trouvé que la « dimension de l’effet » ne co-variait pas avec la qualité de l’étude. De plus, ni la qualité des études, ni la dimension de l’effet n’ont changé de manière significative au long des années.

 

Les découvertes suivantes ont un sens particulier pour la recherche ultérieure :

  1. L’effet mouton-chèvre n’a pas varié de manière significative en fonction de l’instrument utilisé pour évaluer la croyance. (F[4,72] = 0.23 9, p = 0.9151).
  2. En raison du fait que le feedback a été décrit de manière incomplète dans ces études, son influence sur la dimension de l’effet n’a pu être testé sur l’entièreté de l’ensemble des données. Pour la part des études où l’information à ce sujet est suffisante , un effet principal suggestif a été mis en évidence (F[2,27] = 2.268,p = 0.1229). Dans ce cadre, il apparaît que l’effet chèvre-mouton a été plus marqué dans celles des expériences pour lesquelles un feedback était donné pour le score de chaque salve d’essais.
  3. L’(« effet chèvre-mouton a été légèrement – mais de manière non significative – meilleur pour les études de groupe (tdiff = - 1.532, p = 0.1301).
  4. Les études dans lesquelles l’échelle chèvre-mouton a été administrée après le test ESP a eu une dimension de l’effet plus importante, mais là aussi de manière non significative.

 

Evaluant les études par niveau global de signification statistique et de dimension de l’effet, nous avons obtenu une petite dimension de l’effet (r moyen sur la base d’un essai = 0.029), ceci quoique petit est hautement significatif et robuste  par delà ce large éventail de variables potentiellement atténuatrices et de manipulations expérimentales. La signification statistique combinée de l’effet mouton-chèvre a donné un Stouffer-z de 8.17 (p = 1.33 x 10- 16). L’estimation du « tiroir-oubliette réservé aux études négatives » indique que 1726 études non publiées avec des résultats moyens nuls devraient être impliqués pour rendre marginal le niveau connu de signification statistique.

 

 

Conclusion

 

La recherche future devrait se focaliser sur le développement de mesures validées avec précision de la croyance générale au paranormal (avec des sous-échelles pour les composants psi). De plus, on devrait tenter de jeter des ponts au dessus de l’abîme conceptuel qui sépare ceux des sceptiques qui envisagent fréquemment leur recherche concernant les croyances au paranormal du point de vue  de déficits cognitifs, et les parapsychologues qui acceptent l’idée que le psi pourrait exister sérieusement. Les échelles utilisées dans la communauté sceptique ne sont pas typiquement utilisées dans la communauté parapsychologique et il y a fort peu d’interférences entre les deux écoles ! Alors que ces deux écoles de pensée semblent hors de toute communication, en fait, une approche pragmatique de la croyance au paranormal leur serait utile à toutes deux. Quoiqu’on puisse personnellement penser quant à l’existence du psi, on manque clairement là bien des opportunités.

 

Par ailleurs, une recherche chèvre-mouton menée dans le contexte des techniques en « réponse libre » serait utile. Un but spécifique d’une telle recherche pourrait être d’analyser les « pensées » des chèvres, c’est à dire, s’emparer  de ce à quoi ressemble le « psi missing » dans des circonstances écologiquement plus valides.

 

Quoi qu’il en soit, la base de données chèvre-mouton appuie l’existence d’une croyance modérée à un type de communication « anormal ».

 

 



Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

dernière mise à jour le

1 Avril 2003

 



[1] Address correspondence to Tony R. Lawrence, School of Health and Social Sciences, Coventry University, Priory Street, Coventry, CV 1 51713, England.