Les Yoruba et les Ibeji

d'après le Catalogue des Ibeji de

Fausto Polo et Jean David

L'ETHNIE YORUBA

L'ethnie Yoruba, qui compte aujourd'hui plus de vingt millions de personnes, représente la plus grande communauté d'Afrique. La zone peuplée par cette ethnie couvre la partie sud-ouest du Nigeria et, en partie, le sud-est du Bénin.

L'origine des Yoruba, qui se base essentiellement sur des légendes et des suppositions, laisse présumer une provenance de l'Egypte et de l'Arabie. Un flux migrateur qui remonterait, selon les spécialistes, au douzième siècle ou même plus tôt, serait à l'origine de leur présence dans cette région.

En effet, les fameux bronzes d'IFE, certainement des œuvres de sculpteurs Yoruba, remontent à cette époque. IFE est la ville sacrée, considérée par les Yoruba comme l'origine de leur ethnie, où le dieu tout puissant OLORUN créa l'homme blanc et l'homme noir semblables en tous points.


Historiquement l'ethnie Yoruba était forte et harmonieuse. Elle était articulée en plusieurs groupes, mais se montra, dans le temps, très unie face aux attaques des tribus extérieures.

Le roi d'OYO représentait l'autorité administrative et militaire, tandis que le roi d'IFE représentait l'autorité religieuse. Cette situation tribale, se poursuivit jusqu'au début du XIX ème siècle. Au début du XIXème siècle, la cohésion entre les différents chefs de tribu diminua et le pouvoir du roi d'OYO s'affaiblit. Les FULANI profitèrent de cette faiblesse. Venant du Nord, ils envahirent le royaume d'OYO et en détruisirent la capitale en 1830. Le territoire Yoruba fut bouleversé par des guerres civiles. De nombreuses villes furent saccagées, la population fut tuée ou réduite en esclavage. Beaucoup d’habitants se réfugièrent dans d'autres parties du pays.

Ces guerres civiles durèrent pendant cinquante ans. Vers la fin du XIXème siècle, l'Angleterre apporta l'ordre et la paix au pays, mais en contrepartie, elle fit du Nigeria une colonie britannique, et garda le plein pouvoir sur l'état pendant de nombreuses années. En 1960, le Nigeria fût reconnu comme état indépendant, et en 1963, il devint une république à structure fédérale. L'actuel président du Nigeria est Olusegun Obasanjo. Il a été élu en 1999. Il est d'origine Yoruba, comme d'ailleurs plusieurs membres du gouvernement fédéral actuel.

LA COMMUNAUTE YORUBA

La communauté Yoruba se base essentiellement sur deux fondements:

    1. la famille ou le clan
    2. la tribu

La famille a une importance vitale pour la vie de chaque Yoruba. La sécurité familiale lui donne la stabilité nécessaire, sans laquelle il serait perdu. Non seulement les parents, la femme et les enfants forment la famille, mais aussi les familles des frères et des sœurs, des tantes et des oncles, ainsi que tous les petits fils et les familles alliées par des mariages successifs des descendants. Quand un Yoruba parle de sa famille, il parle pratiquement de tout son clan, c'est à dire d'un nombre considérable de personnes, pouvant aller jusqu'à quelques centaines de personnes.

Cette structure familiale donne à chaque individu la protection, la sécurité et la garantie nécessaires pour passer une vie épanouie. En effet, en cas de succès professionnel, il n'hésitera pas à partager une grande partie de ses bénéfices avec le clan, qui en échange lui garantira un soutien maximum, s'il venait à perdre ses ressources financières. La sensation d'appar­tenance au clan est quasiment innée pour chaque Yoruba.

Le chef de la famille la plus nombreuse est aussi le chef du clan. Il est appelé BALE. Il est très vénéré et il tranche, sans appel, tous les problèmes qui sont portés à son jugement. Un BALE n'a pas seulement des droits, mais aussi des devoirs. Si le père d'un jeune de son clan meurt, il doit prendre sa place et prendre en charge son fils comme s'il était son père naturel.

Dans certains villages, cela dépend de leur dimension, il peut y avoir plusieurs clans, et leurs relations sont très harmonieuses et coopératives, à tel point que les membres des clans s'appellent frères et sœurs entre eux.

Une tribu naît de l'union des communautés de tous les villages d'une région du territoire Yoruba. Ces différentes communautés élisent un roi, appelé OBA, choisi entre les BALE. Le roi, avec ses conseillers, s'occupe des affaires économiques, sociales et juridiques de sa tribu. Il occupe cette fonction Jusqu'à sa mort.

 

La langue Yoruba

 

We are very pleased to know that a very beautiful work is now available about Yoruba language :

The Global Yoruba Lexical Database v. 1.0 is a set of related dictionaries providing definitions and translations for over 450,000 words from the Yoruba language and its variants: Standard Yoruba (over 368,000 words), Gullah (over 3,600 words), Lucumí (over 8,000 words) and Trinidadian (over 1,000 words).

Yoruba is a Niger-Congo language (sub classification: Kwa > Yoruboid) spoken natively by nearly 20 million people, the vast majority of them in southwestern Nigeria. There are also approximately a half million Yoruba speakers in Benin, as well as speakers in Togo and Ghana and among the emigrant populations in the United States and the United Kingdom. In addition, roughly two million people in Nigeria speak Yoruba as a second language.

The Yoruba language diaspora is wide, stretching from southwestern Nigeria and Benin westward to the Caribbean and islands along the southeastern United States coast. Yoruba and other African dialects arrived in the Americas and the Caribbean as a consequence of the Atlantic slave trade. Throughout the region, Yoruba dialects blended with each other and with languages like Spanish and French to form a variety of creoles such as Gullah in the United States and Nagô in Brazil. Many of those creoles have become the language of liturgy and music in Cuba, Brazil, Argentina, Trinidad, Jamaica and parts of the United States and Canada. The ultimate goal of this dictionary is to provide coverage for all Yoruba dialects across the globe. For that reason, it will continue to be a work in progress.

The current standard orthography is tone-driven. Yoruba has three tones: a high tone, a middle tone and a low tone. Each syllable in a Yoruban word must have at least one tone and long vowels may have two tones. While there are no explicit rising or falling tones, combinations of the language's three basic tones may produce the same effect. Grammatically, Yoruba is a Subject-Verb-Object (SVO) language. Verbs have no infinitive forms, past or present tense and typically have only a single syllable. Discrete auxiliary words provide information on the verb tense. Nor do Yoruba nouns have plural or singular form; their number derives from the context in which the word occurs.

The Yoruba dialect continuum consists of over fifteen varieties, with considerable phonological and lexical differences among them and some grammatical ones as well. Peripheral areas of dialectal regions often have some similarities to adjoining dialects. Standard Yoruba is a koine used for education, writing, broadcasting, and contact between speakers of different dialects. It is also called "Literary Yoruba", "common Yoruba", or simply "Yoruba" without qualification. Though in large part based on the Ò?yò? and Ibadan dialects, it incorporates several features from other dialects and has a simplified vowel harmony system and some other features not found in other Yoruba dialects.

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The dictionaries in this publication are presented in two formats, Toolbox databases and XML. Short for The Field Linguist's Toolbox, Toolbox is a lexicographical database system published by SIL. SIL makes Toolbox freely available for download. In order to use the Global Yoruba Lexical Database v. 1.0, Toolbox must first be installed on the user's local computer.

The orthography of the text in the databases conforms to that presented to students in the Nigerian school system. The basic Yoruba alphabet is:

The letter gb is a digraph, two letters that combine to form a single phoneme.

[...]

As Yoruba is a tonal language, the written language uses additional diacritic marks to denote tones. The orthography uses three tones:

* Low: denoted with a grave symbol (`) as in à
* Mid: plain letter without diacritics
* High: denoted with an acute (´) symbol as in á

For more informations : http://www.ldc.upenn.edu/Catalog/desc/addenda/LDC2008L03.jpg

 

 

LA RELIGION ET LES DIVINITES

Aujourd'hui, la religion islamique est la plus répandue dans le pays, suivie par le christianisme et par la religion traditionnelle, qui subsiste encore dans certaines régions. Les propos suivants font état de la religiosité traditionnelle du début du XX siècle, lorsqu'un pourcentage très élevé de Yoruba adhérait encore à cette croyance.

Le système religieux est basé sur l'immortalité de l'âme et sur la réincarnation. Les bonnes et les mauvaises actions d'un Yoruba, pendant sa vie sur terre, sont jugées à sa mort par le dieu suprême OLORUN. De son jugement dépendront les conditions pour une nouvelle vie sur terre.

OLORUN est le dieu suprême créateur. Il n'est représenté ou peint sous aucune forme et aucun culte ne lui est voué. Il est la règle abstraite, l'origine de tous les êtres. Il n'a pas d'attributs et il n'accepte pas de sacrifices. Cependant son existence n'est ni contestée ni mise en question.

Il y a aussi des divinités appelées génériquement ORISHA. Certaines d'entre elles sont importantes et d'intérêt général, comme:

Outre ces importantes divinités, il y a au moins quatre cents ORISHA, et chaque famille vénère sa propre divinité, à laquelle elle offre des animaux en sacrifice. En échange, l’ORISHA choisi s'occupe de la famille, en offrant toujours une aide spirituelle et souvent aussi matérielle.

LE CULTE DES ANCETRES

Les Yoruba, fidèles à leur tradition religieuse, croient à l'immortalité de l'âme et à la réincarnation de chaque être humain. Cela signifie que les âmes des morts reviennent sur terre dans le corps des nouveau-nés, normalement dans leur propre famille, en sautant deux ou trois générations. Croire à la réincarnation signifie que la mort n'est pas un départ définitif, mais simplement un intervalle de temps entre la mort et une nouvelle vie dans un autre corps.

Pour cette raison, le vieux Yoruba attend sa mort paisiblement, car il sait que dans l'autre monde son âme immortelle restera en contact avec sa famille; il sera ainsi capable de participer à la vie quotidienne et d'influencer les destinées de sa famille. Son retour sur terre sera accéléré si les membres de sa famille prient et offrent régulièrement des animaux en sacrifice pour son âme. Cette croyance lie les jeunes aux vieux pendant leur vie sur terre. En effet, les plus jeunes ont beaucoup d'égards envers les anciens et cherchent à obtenir leur soutien après leur mort; les anciens de leur côté sont aimables et agréables envers leurs jeunes frères, afin de revenir le plus rapidement possible sur terre après leur mort.

La prospérité d'une famille dépend donc du bien être de ses ancêtres. Dans ce but on construit des sanctuaires particuliers, où l'on adresse des prières aux ancêtres et où on leur offre des sacrifices. Le sanctuaire ancestral permet aussi un dialogue entre les morts et les vivants. Un dialogue qui devient très important et fréquent surtout lors d’événements significatifs, comme les maladies, les accidents, la récolte, la sécheresse, ou le malheur.

L'union des morts et des vivants est fêtée par toute la population Yoruba pendant les festivals d'EGUNGUN. Pendant quelques jours, au printemps, des danses avec des masques particulièrement élaborés ont lieu dans plusieurs villages en l'honneur du culte d'EGUNGUN. Ces masques représentent les âmes des morts; le danseur est possédé par l'âme d'une personne morte qui attend encore sa réincarnation; ainsi cette danse est le témoignage d'une union entre les vivants et les morts provisoires.

LES SORCIERES

Les malheurs et les maladies sont attribués aux pouvoirs magiques des sorcières. Un Yoruba ne se sentira jamais responsable de ses propres malheurs.

Chaque individu peut être l'objet d'un sortilège maléfique. Généralement une sorcière jette un sort pour porter malheur à une personne, rarement à une famille. En effet, les sorcières sont incapables de provoquer des catastrophes naturelles ou des épidémies qui frapperaient une tribu entière. Seul SHANGO, le dieu du tonnerre, ou SHOPONA, le dieu de la vérole, possèdent ce pouvoir.

Si un Yoruba s'aperçoit qu'il a été frappé par les pouvoirs magiques d'une sorcière  cela peut se manifester par un cauchemar, par un mal de tête au réveil, ou par une sensation de tristesse et de malheur  il doit interroger le BABALAWO, le prêtre IFA, responsable religieux du village. Ce dernier consulte l'oracle d'IFA et prescrit un antidote suffisamment puissant pour combattre le pouvoir de la sorcière. Evidemment, ces consultations et ces prescriptions sont coûteuses.

Si un Yoruba n'a pas les moyens nécessaires pour se payer les services d'un BABALAWO, seule une vie honnête le préservera des méfaits d'une sorcière. Les pouvoirs du mal n'attaquent pas les saints ! Un autre moyen pour se protéger des sorcières est de devenir membre d'une Communauté de Culte, c'est à dire d'une communauté avec une grande connaissance de la magie noire et qui possède donc tous les meilleurs antidotes. La Communauté de Culte la plus puissante et la plus connue sur le territoire Yoruba est la société secrète des OGBONI. Celle ci a toujours exercé des pouvoirs dépassant largement ses fonctions magiques et religieuses: en effet elle désignait les rois, dictait et abolissait les lois. Quiconque perdait sa faveur, et quelle qu’ait été sa position sociale, était immédiatement empoisonné en public: les chefs OGBONI envoyaient une tasse de poison chez le malheureux, avec l'ordre d'en boire le contenu, et aucun cas de désobéissance n'est connu. Naturellement entrer dans une Communauté de Culte aussi grande et reconnue coûte cher. Pour cette raison, de nombreuses petites communautés locales se sont formées, qui offrent une aide modeste aux victimes ensorcelées, à des prix plus modiques.

LES JUMEAUX

Autrefois, la naissance de jumeaux était considérée comme un événement inexplicable et elle était accompagnée de superstitions diverses. Ce phénomène était expliqué par une double paternité (deux pères différents), qui prouvait en même temps l’infidélité de la mère. Cette croyance engendrait donc le meurtre de la mère et des enfants.

En effet, les Yoruba croyaient qu'aucun être humain ne pouvait engendrer deux êtres humains à la fois. Donc, ils considéraient les jumeaux comme des êtres mystérieux, surnaturels, qui portaient malheur à leurs familles. Par conséquent à leur naissance, les deux jumeaux étaient tués et leur mère était rejetée du village.

Changement d’attitude envers les jumeaux

Dans le monde, il y a une naissance gémellaire toutes les quatre vingt naissances. Dans le territoire Yoruba, il y a une naissance gémellaire toutes les vingt deux naissances.

Cela signifie qu'avec l'élimination de tous les bébés jumeaux, qui étaient considérés comme des êtres possédés par les esprits du mal, les Yoruba avaient un taux d'accroissement démographique beaucoup plus bas que les autres peuples africains.

Pourtant cette décimation allait à l'encontre de la tradition des Yoruba. En effet, avoir un grand nombre d'enfants était le garant d'une vieillesse sans souci.

On ne sait pas quand exactement les Yoruba changèrent leur attitude face aux jumeaux. Une légende raconte, qu'il y a cent ans environ, une grande tristesse régnait dans les villages et dans les âmes de ses habitants. On consulta alors l'oracle d'IFA qui ordonna d'arrêter les meurtres des jumeaux et de les honorer dorénavant.

Une autre histoire raconte que le légendaire roi Yoruba AJAKA, frère du dieu SHANGO, arrêta le meurtre des jumeaux, après que sa femme eût mis au monde deux jumeaux.

Quoi qu'il en soit, la situation et l'attitude face aux naissances gémellaires changea radicalement  bien que lentement  dans la première moitié du XIX° siècle. Petit à petit, les Yoruba commencèrent à croire que les jumeaux possédaient des pouvoirs surnaturels et qu'ils étaient capables d'apporter le bonheur, la santé, et la prospérité dans leurs familles. On devait donc les traiter avec respect et considération, leur donner les meilleurs aliments, les vêtements et les bijoux les plus beaux, et les combler d'attentions.

A leur naissance, on célèbre une fête, à laquelle prend part tout le village, et même parfois la population des villages voisins. Il s'agit d'une fête en l'honneur de la mère qui a accouché, ainsi qu'en l'honneur de toutes les mères de jumeaux. Une danse, réservée exclusivement à elles, est au centre des festivités, et certains mouvements de cette danse illustrent des demandes spécifiques de prospérité, de bonheur, de santé pour les jumeaux, de même qu'une protection contre le pouvoir maléfique des sorcières.

Quelques jours après la naissance des jumeaux, le BABALAWO, c'est à dire le prêtre du village, rend visite aux nouveau-nés et il les voue à l'ORISHA IBEJI. Ensuite, il conseille à la mère les aliments recommandés, lui indique les jours de mauvais augure de la semaine ainsi que les animaux dangereux et les couleurs à éviter.

LE CULTE DES IBEJI

Dans la langue du peuple Yoruba, IBEJI veut dire jumeau : IBI = né et EJI = deux.

Dans la tradition religieuse des Yoruba, on considère que les jumeaux ont une seule âme, unie et inséparable. Pour cette raison, si un jumeau meurt, la vie du survivant est mise en danger, car son âme n'est plus en équilibre. La colère du jumeau mort peut faire courir de graves risques à toute la famille: en effet, sa colère peut apporter la maladie et la malchance, mais aussi provoquer la stérilité de la mère. Afin, d'éviter ces conséquences néfastes pour la famille, on doit rapidement trouver un moyen pour réunir à nouveau les âmes des jumeaux. Il est donc nécessaire de consulter le BABALAWO et par la suite de commander une petite figure en bois chez un sculpteur: cette figurine sera le siège de l'âme du Jumeau défunt. Le BABALAWO tient alors une cérémonie publique, qui a comme but le transfert de l'âme du jumeau mort dans la figure en bois.

L'IBEJI est donc le gardien de l’âme du jumeau mort. Pour cette raison il est traité avec les mêmes soins attentionnés que le jumeau vivant. Lorsque, par exemple, la mère allaite le jumeau vivant, L’IBEJI est aussi positionné à l'autre sein ;lorsque l'enfant est nettoyé et lavé, l’IBEJI est lavé de même et enduit par la suite avec une masse rougeâtre, appelée CAMWOOD, qui est un mélange de bois rouge broyé et d'huile de palmier.

Théoriquement il n'est donc pas nécessaire de sculpter ces statuettes en bois si les deux jumeaux meurent, car l'union de leurs âmes n'est pas compromise. Mais dans la croyance Yoruba, les jumeaux morts sont dotés de pouvoirs surnaturels, plus puissants que ceux des ancêtres, donc même si les deux bébés meurent, on fait sculpter un couple d'IBEJI, afin d'apporter aux jumeaux des offrandes ou de leur offrir des sacrifices, mais surtout afin qu'ils accordent leur protection à la mère et à la famille entière.

La sculpture des statuettes est effectuée même si un ou tous les deux jumeaux ne devaient pas mourir à la naissance, mais plus tard en bas âge.

Le soin des IBEJI est confié à la mère, qui, dans certaines tribus, les lave régulièrement, les enduit, les nourrit avec une sorte de pâte de haricots. Elle prend soin de gratter fréquemment la croûte qui se forme sur la bouche des IBEJI lorsque cette pâte durcit. C'est encore la mère qui lors de fêtes, de cérémonies ou de visites familiales, porte sur son dos l’IBEJI, en l’enveloppant dans sa tunique, comme s'il s'agissait d'un enfant vivant.

Il est très touchant de voir une ou deux petites têtes d'IBEJI dépassant le bord de la tunique maternelle.

On trouve parfois des marques d'abrasion sur le cou, sur la poitrine, sur les bras ou sur les jambes des statuettes. En effet, en cas de maladies ou de blessures graves dans la famille, on implore l'intercession et l'aide des IBEJI pour le malade, qui, en suivant les prescriptions précises du BABALAWO, doit ingérer un "médicament" composé essentiellement de copeaux d’IBEJI, broyés et mélangés avec un amalgame végétal.

Au moins pendant les premières années, c'est la mère qui soigne les IBEJI et les statuettes sont placées près de son lit. Successivement, elles sont déposées dans le sanctuaire ancestral de la famille, avec les reliques des ancêtres.

Lorsque la mère meurt les deux scénarios suivants sont possibles:

-          s'il y a deux IBEJI, car les deux jumeaux sont morts, personne ne s'occupera des statuettes, car uniquement la mère peut intercéder auprès des IBEJI et en obtenir des grâces et des faveurs pour la famille.

-          s'il n'y a qu'un IBEJI, car seulement un des jumeaux est mort, c'est au jumeau survivant de prendre la relève de sa mère et de prendre soin de la statuette de son jumeau jusqu'à sa propre mort.

L’IBEJI

L'IBEJI ne représente pas un enfant, comme l’on pourrait s'y attendre, mais un adulte, avec le visage et le corps nu d'un adulte.

C'est le sculpteur qui décide de la forme artistique qu'il donnera à la statuette. Le seul élément qui le lie est le sexe du ou des jumeaux qui doivent être sculptés.

La hauteur d'un IBEJI varie entre vingt et trente centimètres. Il est posé sur une base arrondie, ses bras pendent vers le bas, ses jambes sont courtes et sa tête est grande par rapport au corps, avec des coiffures très diverses et élaborées.

Souvent les IBEJI portent des anneaux en bronze ou en fer autour des poignets et des chevilles. Mais aussi des colliers, des bracelets, des chaînes abdominales ou des boucles d'oreilles, en perles de verre, corail ou noyau de palme ornent les statuettes. Dans certains cas, des décorations, telles que colliers et bracelets, sont travaillées directement dans le bois par le sculpteur.

Dans les régions septentrionales du territoire Yoruba, où la religion islamique est fortement répandue, on découvre fréquemment, gravée sur la poitrine, et parfois aussi sur le dos de l’IBEJI, une amulette islamique triangulaire. Cette amulette porte le nom de « gri gri » ou "tirah" dans la langue locale.

Souvent les chevilles et les poignets des statuettes sont décorés avec des coquillages cauris, le cauri est une monnaie locale et dans le contexte d'une statuette IBEJI indique uniquement la richesse d'une famille. Les familles plus aisées recouvrent leurs IBEJI avec des manteaux et des chapeaux ornés de cauris ou de petites perles. Mais la "décoration naturelle" la plus importante pour une statuette d'IBEJI est sa patine, c'est à dire la couche plus ou moins épaisse qui recouvre le bois et qui est composée de différents produits avec lesquels l’IBEJI a été enduit au cours de cérémonies rituelles. Cette patine peut être parfois si épaisse qu'il est difficile de reconnaître les traits du visage ou même le travail original de l'artiste.

La patine, qui a son origine dans l'usage rituel, fait partie intégrante de l'IBEJI et ne doit en aucun cas être enlevée.

En cas de nettoyage, il est recommandé d'utiliser un chiffon ou un pinceau à poils souples. Une grande attention est recommandée.

Il est important de souligner que chaque tribu, et même chaque famille, avait des coutumes rituelles différentes. On trouve donc aussi des IBEJI très anciens, sans la patine épaisse provoquée par l’usage: dans ces cas, les caractéristiques initiales, gravées par le sculpteur sont très bien reconnaissables, malgré le vieillissement naturel survenu au cours du temps.

Bibliographie

Pour approfondir les connaissances sur les coutumes des Yoruba et sur le culte des jumeaux, Ia lecture de l'ouvrage de Gert et Mareidi Stoll, "lbeji Zwillingsfiguren der Yoruba » publiée en 1980 à  Munich, est conseillée.

Copyright: Galerie Walu, Suisse, 2004

 



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© Copyright Bernard AURIOL (email : )

dernière mise à jour le

15 Janvier 2009